Premier film américain de Kitano, cet Aniki est surprenant et intéressant à plus d'un titre. A première vue, il y a peu de différences entre Los Angeles et Tokyo, au point qu'il n'est pas évident de distinguer directement les deux lieux. Comme pour dire que, quel que soit le décor, les enjeux restent les même : violence, mort, famille détruite et reconstruite et redétruite, tueurs et tués. Rien de bien innovant pour quiconque connaît un petit peu la filmographie du monsieur. Seul le thème de la transmission se démarque un peu, à travers le motif du Brother, l'Aniki du titre. Le personnage central, Yamamoto, passe ainsi de petit à grand frère, de protégé à protecteur, et sa relation avec Ken est fort touchante. Sur le fond, rien de bien nouveau, mais sur la forme, il y a de quoi faire. On retrouve la griffe Kitanienne, avec quelques couleurs américaines, mais sans jamais sombrer dans le cliché ou le prévisible. C'est le cas de l'imagerie du western convoquée en dernière partie, ou des scènes burlesques, très efficaces, sur un terrain de basket ou dans une limousine. La violence et la mort sont représentées avec un décalage salutaire, mais parfois limite, surtout si l'on compare avec les plus grandes réussites du cinéastes, par exemple "Hana-Bi". Cette rencontre américano-japonaise reste cependant fertile, et devrait intéresser tous les amateurs du réalisateur, ou bien, pour les néophytes, constituer une entrée plus accessible dans la filmographie de Kitano.