A la découverte du titre, je m’attendais à un banal film de pensionnat hanté. Il faut dire que les endroits remplis d’enfants, et c’est encore mieux quand ils sont remplis d’enfants morts, constituent un terreau naturel pour le film d’horreur, qu’on parle des oeuvres fondatrices de Juan Antonio Bayona, Jaume Balaguero et Guillermo del Toro ou de ce film thaï sorti il y a une quinzaine d’années, qui se déroulait lui aussi dans un internat. Si le film de Boaz Yakin possède un véritable atout, c’est de ne jamais être exactement là où on l’attend et de négliger superbement les spectres pour se concentrer sur ces autres démons que peuvent être les adolescents lorsqu’ils tâtonnent à la recherche de leur identité, sexuelle ou autre.. On oublie rapidement les attentes qu’on nourrissait vis-à-vis du canevas de départ, avec ces ados jugés asociaux par leur entourage (l’un est défiguré, l’autre a été surpris en train de s’habiller en femme, un troisième souffre d’un syndrome de la Tourette,...) qui se retrouvent confinés dans une institution privée sous la férule d’un illuminé qui prétend les soigner au moyen de la Foi : en dehors de cette menace assez convenue, ce sont surtout les mômes entre eux, leurs anomalies apparentes ou souterraines, qui concourent au climat malsain que parvient à échafauder ‘L’internat’. Le fait est que ce Thriller, qui aborde le fait d’accepter ce qu’on est, dans tous les sens du terme, et forge une sorte de concept de “transmission du mal” à faire frétiller Jean-Christophe Grangé, produit à plusieurs reprises des rebondissements inattendus, ce qui est déjà mieux que dans 90% des productions de genre contemporaines. Cependant, malgré la présence d’éléments théoriquement à même de faire de ‘L’internat’ un classique instantané, à l’instar des deux films de Ari Aster, quand on fait les comptes, on découvre qu’on éprouve plus de déception que d’admiration pour le film de Boaz Yakin. C’est que la sauce prend mal, tout bêtement. Outre ses dialogues verbeux qui sonnent un peu faux, le film souffre surtout aussi d’une mise en scène plate et sans grande imagination, même si le réalisateur, à grands renforts de jeux chromatiques, avait sans doute en tête d’en faire une sorte de successeur spirituel au ‘Suspiria’ de Dario Argento. Les bonnes idées narratives ne font pas tout, a fortiori dans un genre basé sur les sensations et qui souffre plus que d’autres du moindre élément sonnant faux. Je crois qu’on peut mettre ces faiblesses, qui ont rabaissé ce qui avait le potentiel d’un classique mémorable au statut de téléfilm incertain, sur le compte de ce Boaz Yakin, dont personnellement, je n’avais jamais entendu parler et dont la filmographie antérieure ne témoigne pas de la moindre expérience probante dans le genre fantastique.