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Yves G.
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2,0
Publiée le 4 mars 2022
Le documentariste suisse Gabriel Tejedor est allé planter sa caméra à Magnitogorsk, à la frontière de l'Europe et de l'Asie, dans cette immense cité sidérurgiste. Pendant plus d'une année, il a attaché ses pas à ceux de trois familles et en a filmé la vie quotidienne.
Après deux documentaires inédits en France, le premier en 2014 sur l'ancien bagne de la Kolyma, le deuxième en 2017 sur les élections présidentielles en Biélorussie, Gabriel Tejedor poursuit son exploration impressionniste des débris de l'ancien empire soviétique. Son documentaire ressemble beaucoup à celui sorti il y a trois ans de François-Xavier Destors dans la cité minière de Norilsk, au nord du cercle polaire arctique.
L'un et l'autre décrivent un environnement ingrat, une immense cité industrielle bâtie au milieu de nulle part, toute entière organisée autour d'une seule fonction : la production métallurgique. Le climat y est extrêmement ingrat - les minimas hivernaux à Magnitogorsk sont presqu'aussi rigoureux qu'à Norilsk - et la pollution y fait des ravages. Si les salaires confortables garantissent un revenu supérieur à celui que touchent les salariés dans le reste de la Russie, c'est bien là le seul avantage comparatif de la vie dans ces cités ouvrières sans charme.
Après le long plan séquence qui ouvre sur le film en circulant dans un paysage industriel steam punk encombré par un amas tentaculaire de tuyaux et de conduites, "Kombinat" s'éloigne de l'usine - où Gabriel Tejedor n'a peut-être pas eu toutes les autorisations de tournage - pour se focaliser sur la vie quotidienne de trois familles de Magnitogorsk. Lena, fille de métallurgistes, y dirige un cours de salsa avec son compagnon. Sasha est un de ses élèves les plus fidèles. C'est un métallurgiste pur et dur, marié, père d'une adolescente boudeuse, dont ces séances de danse semblent être le seul rayon de soleil dans une vie de dur labeur. Son frère Guenia est métallurgiste comme lui. La fille de Guenia semble souffrir d'un retard mental qui l'incite avec son épouse à organiser son départ de Magnitogorsk pour un environnement moins hostile.
Alors que la Russie est au centre de l'actualité, "Kombinat" nous donne l'occasion de plonger dans la vie quotidienne de Russes ordinaires. Leur vie banale ne donne guère l'occasion de longues discussions politiques. On ne saura guère ce qu'ils pensent de leurs dirigeants, non pas que la censure les fasse taire, mais simplement parce qu'ils ne s'en préoccupent pas. Tout au plus, voit-on dans leur quotidien (les émissions télévisées qu'ils regardent, les slogans volontaristes que diffuse MMK, la société propriétaire de l'usine, et les fêtes qu'elle organise) des signes de l'embrigadement dont ils sont l'objet. Comme au temps glorieux du communisme, les mêmes valeurs sont exaltées, recouvertes d'une large couche de chauvinisme patriotique.
Kombinat va nous plonger à Magnitogorsk. Cette ville de l’Oural en Russie compte un peu plus de 400.000 habitants. Elle possède un des plus importants complexes sidérurgiques du pays. Près de 18.000 habitants travaille pour MMK. Cela explique son influence sur cette région.
Une fois ce documentaire terminé, il y a un constat simple à faire entre les mentalités françaises et russes qui n’ont rien à voir. Cela n’est ni une critique ni un compliment, juste un fait. On va donc avoir l’occasion de découvrir pourquoi cet état d’esprit est différent. La première chose qui saute aux yeux est le patriotisme omniprésent. Celui-ci sera même exacerbé par moments tant, il tend vers un certain aveuglement. Il est quand même fort de voir tout un peuple capable de se réunir derrière sa patrie. C'est d'ailleurs cela qui fait que l'usine peut encore fonctionner de nos jours malgré les problèmes rencontrés.
Après, il faut tout de même nuancer ses propos avec ce qui nous est présenté dans le documentaire. Celui-ci n’ira pas à sens unique et va permettre de se faire un panorama perspicace. On a l’impression d’avoir un choc générationnel entre deux Russie. Il y a d’un côté les plus anciens attachés à leur patrie et à leur région. Pour eux pas question de partir quoi qu'il arrive, il faut servir le pays et sa condition de personnel passe après. Puis il y a les jeunes générations qui sont plus ouvertes au monde. Ces derniers se questionnent et ne veulent pas être les instruments d’un système. On aura donc certains qui sont prêts à partir pour avoir une vie meilleure. Ce n’est pas pour autant qu’il faut tous les mettre dans le même panier, car d’autres vont être contents de leur condition d’ouvriers et ils en sont fiers. Ils arrivent à trouver le bonheur dans cette ville perdue au milieu de l’Oural.
Malheureusement, le côté usine va être assez peu exploité. On aurait aimé voir beaucoup plus d'images à l’intérieur et les conditions de travail. Il est vrai cependant que ça ne doit pas être facile à tourner. Finalement, on reste centrée sur ces quelques familles et on doit se faire à l'idée qu'elles soient représentatives du reste de la population. Il aurait été aussi bien d’en connaître un peu plus sur cette petite ville. Cela aurait permis de se faire un avis plus objectif que ce que racontent les protagonistes. Par contre la réalisation est vraiment excellente. Le contenu est dynamique et la photographie est d’une rare qualité. Les plans, que ce soit de l’usine, de la nature ou de la ville, sont sublimes. On se régale de cette atmosphère nous faisant voyager en Russie.
Le terme "kombinat" dans le bloc soviétique, désigne un complexe industriel d’un même domaine de production, coopérant pour obtenir de meilleurs rendements.
Avec son documentaire, le réalisateur suisse Gabriel Tejedor nous entraine en plein cœur de la Russie et plus précisément dans la ville ouvrière de Magnitogorsk où le réalisateur à pu filmer au sein du combinat métallurgique de la ville-usine, le "MMK" (Магнитогорский металлургический комбинат).
D’emblée, on est frappé par la laideur de la ville, une cité ouvrière où l’on a l’impression que la pollution et le bruit sont omniprésents. Où que vous soyez dans la ville, dès que vous ouvrez une fenêtre où lorsque les ouvriers vont passer du bon temps au bord du lac, le bruit de fond vient sans cesse nous rappeler où l’on se trouve (on n’ose imaginer l’odeur qu’il doit y avoir).
La pollution environnante est-elle que des malformations ou des retards mentaux sont fréquents au sein de la population. Le réalisateur à suivit une poignée de résidants, travaillant au sein du kombinat ou ayant des proches qui y travaillent. La nouvelle génération, consciente des dangers (risques de maladies et problèmes environnementaux) souhaitent se mettre au vert et fuir cette ville sidérurgique, mais difficile pour eux de se faire entendre, de se faire comprendre, face à leur famille et aux anciens, endoctrinés par le kombinat (avec l’aval du gouvernement et donc, de Vladimir Poutine, puisque ce kombinat fabrique de l'acier blindé pour le front), jamais avare en propagande avec ses gigantesques panneaux à travers la ville « une bonne humeur pour une bonne journée ».
Les conditions de travaillent sont précaires, à l’image des conditions de vie des résidents. Un univers misérable à travers lequel les ouvriers tentent ce qu’ils peuvent pour donner le change. Pollutions visuelles, sonores et environnementales, paysages défigurés et maladies chroniques, Gabriel Tejedor nous entraîne au cœur d’une immersion déprimante et effrayante de la Russie d’aujourd’hui, celle de ses ouvriers.
Ce documentaire laisse un arrière goût d´inachevé. Une petite frustration vers la fin. Finalement, on ne voit a l´extérieur que des plans avec des cheminées crachant des fumées dans le fond. Les séquences de danse servent d´interlude. Quant aux dialogues dans les familles, on connaitra l´avis des parents et des grands enfants, jamais celui des enfants. Et puis j'aurais aimé plus de scènes filmées dans le Kombinat MM.
à voir absolument! Un autre regard sur la Russie, sur une classe moyenne enchaînée au système industriel du pays et qui tente avec plus ou moins de succès de s'émanciper de la propagande poutinienne.
Voilà un documentaire sobre et original par sa forme puisqu’il n’y a aucune voix off : le réalisateur témoigne ici par sa seule caméra, laissant la « parole » aux images et aux familles. Une presque histoire se construit ainsi entre trois familles et ce lieu de vie effrayant. Dans un temps pas bien long, et même s'il ne se passe pas grand chose le spectateur a le temps d’être édifié… et effrayé, non pas tant par le gigantisme industriel suranné que par la médiocrité de cet univers de vie, par l’impossibilité dans laquelle se trouvent ces familles d’envisager une autre vie, par l’univers mental étriqué qui leur est accessible. Piégées par la vie, par le système, par eux-mêmes… elles restent fidèles à Wladimir Poutine, à l'exception de quelques jeunes. Alors oui, on peut reprocher le manque de consistance globale de ce film – il ne dure que 1 h 15, et certaines séquences sont assez répétitives. Sans doute le manque de matériau, mais regardons les choses autrement : Hommage à Gabriel Tejedor d'aborder ce sujet dérangeant et de sortir pareilles images de cet univers sous haute surveillance ! Un documentaire bien intéressant pour expliquer la Russie d’aujourd’hui. Au regard de l’actualité il est bien dommage que ce film soit délaissé par les salles françaises !
Magnifiquement filmé au coeur de l'Oural, ce documentaire nous propose un portrait sensible et poignant d'ouvriers métallurgistes danseurs de salsa. À voir!
Kombinat nous plonge dans le fin fond d'une ville-usine dédiée à la métallurgie, ex fleuron de l'Union soviétique. Ce documentaire interroge sur les problématiques environnementales liées à ces industries dont les ouvriers et riverains sont les premières victimes. Au delà de ça, les personnages nous permettent d'interroger un modèle industrielle hérité du passé qui semblent s'essouffler sans pour autant permettre un autre avenir. Avec l'actualité en Ukraine, le documentaire permet aussi d'entrevoir le niveau de désinformation de la population russe face à un pouvoir et un contrôle omniprésent.