Si je suis allé le voir, c'est clairement pour le nom de Pierre Lemaître : non pas que « Trois jours et une vie » était son meilleur roman (c'était même probablement son moins bon!), mais il est tellement rare que je lise les romans avant les films que l'occasion était belle. D'ailleurs, le visionnage a confirmé ce que j'espérais : cette histoire était sans doute (légèrement) plus adaptée au grand écran. Le livre avait pas mal de longueurs, notamment dans la première partie, que l'on ressent peu ici, l'aspect épuré se justifiant en grande partie. L'auteur, également responsable du scénario
(et s'offrant, au passage, un troisième rôle conséquent!)
, a su à la fois rester fidèle à l'intrigue, à l'esprit de ses lignes, tout en sachant faire de vrais choix, souvent astucieux pour compenser les descriptions psychologiques du bouquin, impossible ici. Alors clairement, c'est assez froid, affadissant certains moments-clés, le style si particulier, si séduisant de Lemaitre étant difficilement traduisible sur grand écran, certains partis pris, notamment de faire totalement disparaître la petite amie du héros du récit, restant discutables. On perd également un peu en cynisme (quoique) et en complexité, le dernier quart se faisant parfois trop explicite. Mais de l'autre, cela permet aussi à l'œuvre de tracer son chemin vis-à-vis de son modèle, que ce soit la place plus importante prise ici par le médecin du village, interprété par le trop rare et toujours excellent Philippe Torreton, ou certains changements certes un peu « gros sabots » mais qui, dans une logique romanesque, s'applique plutôt bien à l'ensemble, pouvant se justifier presque autant que ceux faits initialement, Nicolas Boukhrief, réalisateur inégal mais intéressant, confirmant son talent pour créer une dramaturgie forte autour de ses personnages. Un bon film français, prenant souvent le meilleur de son modèle pour en faire une adaptation certes moins subtile, mais plus incisive : séduisant.