La réalisation annuelle d'Hirokazu Kore-Eda sur son sujet de prédilection: la famille, la fratrie. Etrange fratrie, cette fois ci.... étrange famille, mais dont nous ne percevrons vraiment la complexité, avec tout ce qu'elle peut avoir de noir, que dans la dernière partie du film. Est ce parce qu'il est plus trouble, plus dérangeant, moins linéaire que les précédents que ce film a eu un plus grand retentissement international?
C'est une fausse famille habitant dans un taudis incroyablement bordellique, glacial l'hiver et fournaise l'été. On est en fait chez Mamie (Kiki Kirin), chassée de chez elle par l"autre femme" qui lui a piqué son mari, et dont la retraite assure l'essentiel de l'ordinaire; il y a une jeune fille, Aki, qui travaille dans un peep-show et qui semble être liée à Mamie par quelques liens d'affection (Mayu Matsukoa); une sorte de couple dont la femme, Nobuyo, est ouvrière (Sakura Andô); mais en fait tout ce petit monde vit essentiellement de vol à l'étalage -franchement, au Japon ça a l'air trop facile! sous la houlette de Papa, Osamu (Lily Franky), qui s'y entend en particulier pour faire oeuvrer les enfants. A Shota (Kairi Jyo), qu'ils ont recueilli mais qui refuse d'appeler Osamu "papa", vient se joindre l'adorable Juri (Miyu Sasaki). Cette petite fille de quatre ou cinq ans, ils la trouvent dans la rue; enfant non désirée d'un couple plutôt bourgeois mais qui se déchire, elle est pleine de bleus. Même si Shota n'a pas du tout envie d'une petite soeur, ils vont la garder et elle va trouver sa place dans cette tribu hétéroclite où règne toujours une sorte de chaleur et de bonne humeur, et puis voler sans se faire prendre, elle trouve ça vraiment rigolo.... Bien sûr, ça va finir par se gâter, sinon il n'y aurait pas de film.
Qu'a voulu dire Kore-Eda? Qu'il n'y a de vraie famille que celle qu'on se choisit? Non, ce serait trop simple, car on comprend bien à la fin qu'il n'y a aucune réelle affection entre ses membres, sauf peut être (et encore!) celle que le couple stérile, Nobuyo et Osamu pourrait avoir pour les enfants. La signification du film est donc extrêmement ambigüe.... et, si on ajoute le fait que la première partie est vraiment trop longue et finit presque par être ennuyeuse, Une affaire de famille n'est pas, et de loin! mon Kore-Eda préféré!