En 1986, Joel Silver et Richard Donner donnent naissance à une franchise désormais culte du cinéma d’action, L’Arme Fatale. Buddy Movie avant tout, le film s’affiche comme l’une des grosses pointures du cinéma populaire américain des années 80, mélange habile d’action, d’humour et des racines narratives du polar. Le succès du produit tient sans aucun doute possible à la complémentarité entre les deux protagonistes principaux, flics de générations différentes, aux mœurs résolument contraires mais pourtant forcés de travail ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Si ce premier volet de la saga, celle-ci se composant de quatre films, n’est pas foncièrement le meilleur, du moins le plus riche, il affirme clairement ses ambitions de divertissement, alternant les séquences d’action tout en proposant une thématique centrale intéressante, soit l’exportation de narcotiques sur sol américain depuis le Vietnam, terre douloureuse pour bon nombre des intervenants, pour beaucoup vétérans d’une salle guerre.
Nous faisons donc successivement connaissance avec les inspecteurs Murtaugh et Riggs. Le premier, incarné par Danny Glover, brille par son absence de prise de risque. Flic cinquantenaire attaché aux valeurs familiales, le bonhomme s’emploie à ne pas faire d’esbroufe. Celui-ci symbolise clairement l’humour, dans le duo, sorte d’opposé moral à son compère. Ce deuxième, justement, incarné par Mel Gibson, parachuté dans une franchise prometteuse suite au succès de Mad Max, incarne la fougue, l’action. Flic suicidaire, au tempérament incontrôlable, voire kamikaze, notre homme trouvera en sa collaboration avec son nouveau partenaire une voie d’évacuation à son enfer personnel. Soyons franc, le reste n’importe que très peu. Tout est ici prétexte à donner naissance à un duo mythique du cinéma populaire, confronté à des méchants qui ne leur font que très peu honneur.
Un tandem de choc étant né, la complémentarité entre Gibson et Glover étant saisissante, il s’agit maintenant de jugé L’arme fatale sur pièce. Sur ce fait, et en dépit de son statut de film culte, le premier volet de la franchise à durement vieilli. A l’inverse d’un piège de cristal, sorti quant à lui seulement deux ans plus tard et toujours savoureux de nos jours, L’arme fatale semble accuser le coup d’une réalisation typée des années 80. Musique jazzy savamment à la mode il fût un temps, dégaine improbable des joyeux intervenants et mise en scène clinquantes, le film de Richard Donner ne parvient plus réellement à impressionner ses nombreux fans, le portant malgré tout dans leur cœur. En sommes, l’arme fatale, en dépit de quelques brillantes idées, de dialogues savoureux, de séquences d’humour marquantes ou encore pourvu de personnages de légendes n’aura su aussi bien que d’autres traverser les époques.
Pour autant, en restant objectif, il s’agit ici de louer les travaux de Richard Donner et de son team, sincèrement investit dans la fabrication d’un film qui fit date et que ne semble pas vouloir être relégué au placard. S’il me venant pourtant l’envie d’user de ma mauvaise langue, j’affirmerais volontiers que si l’arme fatale n’était pas une franchise, ce film de 1986 ne serait sans doute plus aussi marquant dans les esprits de ceux qui l’on découvert sur le vif. En l’état, il constitue un joli témoignage de ce que fût le cinéma durant ces années-là et profite pleinement d’être le premier volet d’une quadrilogie mythique, référence du Buddy Movie toute génération confondue. Malgré ses rides, ses séquences démodées, pas toutes bien sûr, L’arme fatale reste un savant mélange de genre qui convient de ne pas oublier. 15/20