Par manque d’idées ou je ne sais quelle autre raison, la télévision s’est sentie obligée de remettre au goût du jour la franchise "L’arme fatale" en la déclinant sous forme de série. Actualité oblige donc, c’est avec un certain plaisir que je me suis replongé dans la quadrilogie de Richard Donner. Et c’est fou de voir aujourd’hui à quel point ce polar sent bon les années 80. Déjà gros succès commercial en 1987, "L’arme fatale" premier du nom reste un modèle du genre que les spectateurs de ma génération ne sont pas près d’oublier. La recette du buddy movie gagne ses lettres de noblesse. Ah oui, pardon : il serait peut-être judicieux de préciser ce qu’est le buddy movie. Ce n’est pas compliqué : c’est un genre pour lequel on va former un duo avec deux personnages que tout oppose. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’agent Roger Murtaugh (Danny Glover) et l’agent Martin Riggs (Mel Gibson) n’ont rien en commun. L’un est noir, a la cinquantaine grisonnante, a une famille et mène une carrière tranquille et sans bobo, toujours bien vêtu d'un costard-cravate et impeccablement coiffé de ses cheveux courts. L’autre est blanc, plus jeune, sans famille et quelque peu tête brûlée dans son boulot, toujours dans un look décontracté (jean et cheveux longs) qui lui permet de se fondre dans la masse plus facilement. A eux deux, ils forment une paire sublime de contrastes ! Rien en commun ? Si, une chose : le job. Les deux personnages sont flics, mais pas dans le même service. Malgré cela, après une présentation sommaire, les deux hommes vont contre leur gré être associés l’un à l’autre autour d’une affaire à priori anodine : une sombre histoire de suicide après ingestion de produits illicites… Une si belle jeune fille (Jackie Swanson)… Tsss quel gâchis… Voyez où ça mène, les jeunes ! N’empêche que cette affaire donne le point de départ d’une enquête qui sortira vite de la routine. Le tandem Riggs/Murtaugh fonctionne bien à l’écran et bénéficie de dialogues parfois truculents. Rapidement, le spectateur se prend de sympathie pour ce duo improbable car leur côté humain les rend indubitablement attachants. Face à eux, des gueules, avec en tête de liste l’effroyable Joshua , interprété par Gary Busey qui pour le coup a la tête de l’emploi. Sur un scénario de Shane Black plutôt bien écrit, Richard Donner réussit à nous offrir un polar dynamique proche de la comédie policière, à la fois raisonné et barré, tout en décrivant la psychologie des personnages principaux au compte-gouttes. C’est propre, net et sans bavure, tout cela rendant "L’arme fatale" plaisant à suivre et incroyablement distrayant de la première à la dernière minute. L’interprétation des deux acteurs principaux est impeccable, et on se prend à rire de leurs cabotinages et de quelques unes de leurs répliques (attention, je cite cette réplique telle est dite dans le film : "il fait un méchoui avec ses couilles sur Hollywood Boulevard"). Pire : Danny Glover est carrément irrésistible quand il se met en colère ! A n’en pas douter, si votre descendance s’ennuie des films actuels, montrez-lui celui-ci : il devrait constituer l’arme fatale de votre vidéothèque (oui désolé, mais c’était trop tentant), et ça vous fera en prime réviser quelques bons standards des années 80 avec l’excellente B.O. de Michael Kamen avec le concours de David Sanborn et de… Eric Clapton, excusez du peu.