Je n'ai pas réussi à me sentir concerné par ce film. Je n'y ai vu que le pathos naïf d'un certain catholicisme. En même temps ce n'est pas nul. Même là Rossellini sait mettre en scène, filmer...
Film méconnu de Roberto Rossellini, ce "Francesco Guillare Di Dio" daté de 1950 ne mérite, à mon humble avis pas d'être déterré des tiroirs. Si j'admire certaines oeuvres de cet auteur que je considère comme maîtresses voire capitales pour le septième art, je ne peux m'empêcher de penser que sa filmographie est inégale. Dans le cas ici présent, la démarche ne m'a pas semblée pertinente mais au contraire nombriliste vis-à-vis des rapports que le maître avait avec la religion. De plus, il ne parvient jamais à rendre le film intéressant mais le fait au contraire tomber dans la platitude la plus totale. Le choix de narration (onze épisodes caractéristiques de la vie d'un saint) va à l'encontre de ce qu'il aurait pu apporter, c'est-à-dire qu'il ternit un récit absolument pas vivant pour deux sous en délimitant strictement les épisodes le constituant. La progression ne se manifeste même pas franchement et on a l'impression d'assister seulement à des ébauches d'un long-métrage, des premières prises de contact encore hésitantes que ne tarderaient pas à améliorer le talent du cinéaste. Eh bien non, c'est bien le résultat final qui nous est présenté ici, une suite de symboles religieux sans justification artistique réelle que ne redore pas une mise en scène très fade. Certes, le cadre est appliqué et maîtrisé, possède plusieurs notions que n'ont pas toujours les réalisateurs d'aujourd'hui mais il ne parvient pas à faire décoller le reste. Quelques coups d'éclats surgissent de temps à autres, ces tentatives de génie totalement imprévisibles qui font le style incroyable du grand Roberto tel que je l'admire mais tout cela semble définitivement trop peu pour nous captiver. L'interprétation est malheureusement extrêmement distante de la caméra et ne retransmet aucune émotion, tout comme la psychologie de ces protagonistes, bien trop morale et naïve pour nous toucher. Si le mystique Italien vous tente, préférez revoir l'éclatante réussite du "Vangelo secondo Matteo" de Pasolini.