Il y a au moins deux familles de films d’espionnage : les fantaisistes, dont font partie les James Bond, les 0SS 117 ainsi que tous ceux qu’on peut qualifier de parodique ; les réalistes, qui s’efforcent, avec plus ou moins de bonheur, de nous présenter ce qu’est vraiment la vie d’un espion ou d’une espionne. Une vie beaucoup moins glamour que celle de James Bond ! "The operative" fait partie de la deuxième famille, son scénario s’inspirant de « The English Teacher », un roman écrit par Yiftach Reicher Atir, un ancien agent de renseignements israélien. Dire que ce livre a été bien reçu par les autorités israéliennes lors de sa parution serait mentir : inspiré de faits réels et de la vie de véritables agents, écrit par un « enfant du sérail », ce livre qui ne donne pas une très bonne image du Mossad a rencontré les ciseaux de la censure en Israël ! Le film doit beaucoup à Diane Kruger qui, tout comme dans "In the fad"e qui lui avait permis d’obtenir le Prix d’interprétation féminine de Cannes 2018, fait preuve d’une très grande force dans son interprétation de Rachel, cette jeune femme infiltrée par le Mossad en Iran, en tant que professeur de langue. A ses côtés, Martin Freeman qui interprète le rôle de Thomas, l’officier traitant de Rachel, se montre plutôt terne alors que Cas Anvar, interprète de Farhad, l’industriel iranien avec qui Rachel a de nombreux contacts (!), est beaucoup plus convaincant. Par ailleurs, on peut ressentir un certain étonnement à voir un film réalisé par un israélien dans lequel les iraniens sont montrés sous un jour plus sympathique que les israéliens ! Certes, les israéliens qu’on voit dans le film sont des membres du Mossad et, manifestement, ils ne savent pas ce que c’est d’avoir des états d’âme, mais quand même …