David Michod revient aux affaires sérieuses avec "The King", une fresque médiévale située au XVe siècle nous montrant l'ascension du jeu Henry V au trône d'Angleterre au même moment que les tensions avec le royaume de France culminent en un conflit sanglant.
Michod a toujours été un cinéaste montrant les frictions au sein d'une famille, de groupes d'individus, et ici il applique le même traitement dans une histoire de trahisons, d'acceptation de responsabilité, de confrontation à un autre souverain et du fardeau de la couronne.
Le tout peut s'avérer finalement classique dans son déroulé, mais le tout est suffisamment incarné et réalisé avec soin que le tout embarque le spectateur dans une reconstitution historique exemplaire de 2h20.
Que ce soient les décors, les costumes ou même les quelques effets spéciaux supervisés par Andrew Jackson (Mad Max Fury Road, Dunkirk, Tenet), le film transpire une authenticité et une certaine élégance pleine de sobriété nous immergeant littéralement au Moyen-Âge.
La photographie d'Adam Arkapaw (Macbeth, The Light Between Océans) est âpre, précise, et laisse transparaître les nuances de gris des personnages.
En parlant d'eux, Timothée Chalamet est encore une fois touché par la grâce via une interprétation tout simplement royale, portant le film à lui tout seul dans un rôle pas facile à appréhender, celui d'un jeune Roi devant faire preuve d'assurance et de leadership, où le poids du titre écrase jusqu'au sang toute forme de miséricorde (la fin du film, nihiliste, est parfaite).
Le reste du casting n'est pas en reste : Sean Harris et Joel Edgerton sont impeccables, Ben Mendelhson et Lily-Rose Depp très bons, et la palme à un Robert Pattinson (que l'on voit très peu) livrant une performance haute en couleur d'un jeune prince français imbu de sa personne.
David Michod est autant à l'aise dans des scènes de dialogue (certes très fixes) que lors de batailles ou scènes plus musclées : ces dernières là encore très brutes, montrant chaque coup d'épée comme un geste sans humanité et vain en comparaison des forces plus grandes en jeu(à noter un plan-séquence d'excellente facture en dernière partie de film, passage obligé de tout film de ce genre).
Et que dire de l'OST magnifique de Nicholas Britell (Moonlight, If Beale Street Could Talk, Vice), pleine de majesté et de mélancolie (les rares notes d'émotion viennent surtout de là plutôt que du récit en lui-même).
En résulte une très bonne fresque médiévale qu'on suit avec un vrai plaisir de cinéma, sans esbroufe, sans stylisation, tout en maîtrise, noblesse et pureté.
Un très bon film