Alors voilà, les réalisateurs qui se lancent dans des films qui se veulent hyper cool, originaux style capillotracté mais avec un scénario tout foufou qui se veut complexe et malin, y en a pas mal, à commencer par Soderbergh dont je n'apprécie guère ses gros gâchis (surtout Océan's Twelve, quelle dégueulis mon dieu), Roberto Rodriguez (sa maîtrise du montage et ses scénarios pas trop alambiqués lui permettent souvent de s'en tirer à bon compte), Guy Ritchie qui justement nous intéresse ici et enfin le roi de tout ce petit monde, Quentin Tarantino qui a lancé l'affaire avec Pulp Fiction, évidemment son style découle de l'âme de ses œuvres et non l'inverse. Alors voilà dans cette joyeuse bande il faut quand même avouer qu'il y a un côté paresseux, pour ne pas dire une certaine facilité à créer des films qui enchanteront le public en lui donnant l'impression de déguster un sacré bon script aussi jouissif pour les neurones que pour les tripes, comme il adorerait une soirée bien arrosée. Ce type de film a beau parfois être complètement plat, la forme narrative complexe et ludique en apparence lui assure un succès immédiat. Snatch est un film lambda de la vague Tarantino. La trame se découple en des dizaines de situations plus rocambolesques les unes que les autres, qui vont venir se culbuter et s’emmêler entre elles pour finalement se ré-arranger à coup de feu et de dénouements plus durs à avaler les uns que les autres. Tout va très vite, beaucoup plus vite que dans Arnaques, crimes et botanique, le précédent film de Ritchie, les personnages sont plus nombreux et il y a une pléthore d'acteurs mélangeant visages inconnus et stars, les premiers s'en tirant globalement mieux que les derniers. Les rescapés du précédent films quant à eux ne font qu'imiter leur ancien personnage en décalant légèrement leur jeux. La photographie et les musiques semblent également avoir été recyclées, bref pas beaucoup d'innovations si ce n'est que la trame part tellement dans tout les sens qu'on a l'impression de regarder la mise en scène d'un gros gribouillis sur le papier. C'est décousu, ça se perd pendant trois plombes de rebondissements pour quelques éclats de rire et du sang versé pour rien, le tout n'a visiblement aucun sens si ce n'est qu'une grossière peinture de mœurs en forme de conte contemporain, mal fichue et fichtrement superficielle. Le rythme soutenu déshumanise la moindre étincelle qui eut pu nous émouvoir, les protagonistes étant présentés à la va-vite et existant juste assez pour qu'on se rappelle de leur tronche pour le restant du film. Les montées dramatiques sont gâchés car elles sont bassement amorcées par un bon gros ralentissement du débit de dialogues (voire du débit de scènes, au point où on en est). Le montage coupé au couteau pour cadrer avec cette sensation vertigineuse mais futile devient vite redondant. A l'image de l'ensemble, trop mécanique, trop décousu, trop long, trop ennuyeux. Quelques belles prestations et un comique qui marche parfois sauveront les meubles, mais de très peu. Assez pour étiquetter Snatch : « produit dérivé de la veine Taratino, série A ».