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    The Lighthouse
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    266 critiques spectateurs

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    traversay1
    traversay1

    3 654 abonnés 4 880 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    Certains cinéphiles ont sans doute vu The Pjantom Light (1935) de Michael Powell qui, tout en n'étant pas le meilleur ouvrage du maître britannique, posait déjà les jalons de ce qui devenu une sorte de genre : le film autour de la figure du gardien de phare, avec pour ingrédients immarcessibles : la solitude, la frustration et la démence qui guette. The Lighthouse reprend ces thèmes en isolant deux personnages, le chef (vieux loup de mer) et son subordonné (jeune instable) au milieu de l'océan. Format carré, noir et blanc, mise en scène expressionniste : tout est en place pour que la tempête se déchaîne, en mer comme sous les cranes. Avec son long prologue, sans qu'aucune parole ne soit échangée, le film de Robert Eggers semble marcher sur les brisées du cinéma muet et ce n'est pas une mauvaise idée. Mais assez rapidement, The Lighthouse vire à l'exercice du style avec une narration qui sonne un peu le creux et ses symboles outrés (le phare comme objet phallique). L'affrontement entre les deux hommes donne lieu à tout un tas de scènes croquignolettes et il y a un moment où l'on se prendrait presque à espérer que le long-métrage jouât la carte du grotesque mais c'est méconnaître l'esprit de sérieux d'une entreprise qui vise avant tout à épater la galerie, ce qui n'est évidemment pas tenable sur la longueur, à moins d'être un génie du cinéma, et encore. Impressionné par la maîtrise formelle de Eggers, on l'est assurément, mais peu comblé en même temps par un récit qui se nourrit de fantasmes et d'une escalade émotionnelle proche des films d'horreur. C'est loin d'être une débâcle, cependant, car le duo Dafoe/Pattinson tient plus que ses promesses, le deuxième réussissant même, c'est plutôt inattendu, à se hisser au haut niveau du premier. Pas un désastre, tout au plus une déception vu les ambitions affichées.
    islander29
    islander29

    876 abonnés 2 378 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 décembre 2019
    Le film en format carré et noir et blanc est un film qui vire peu à peu, graduellement à l'horreur….Autant dire qu' à la fin, on s'accroche à son siège, car tout ça pourrait être vécu par vous et moi, si on nous plaçait dans un phare (light house)...ON est à la veille du vingtième siècle dans un univers où la noirceur règne, vues les conditions de vie en général...Certaines scènes sont horribles, d'autres crues, d'autres fantastiques et on va souligner qu'il y en a beaucoup de "bonnes cinématographiquement"...Il y a de l'art dans le film ( lumières, cadrages, photo,) et la musique joue parfois un rôle remarquable….Tout ça fait que peu à peu on est envouté par le duo d''acteurs (Pattinson, Dafoe), le jeune et l'ancien, l'esclave et le maitre, l'humain et la bête et les goélands dont la présence n'est pas forcément réconfortante….La femme érotisée en sirène, poupée ou réalité reste dans l'ombre machiavélique….c'est un film dur, j'insiste, parfois dérangeant par ses désillusions sur l'âme humaine, sur la possibilité de vivre dans la promiscuité,....La lumière est insupportable finalement, en guise de morale…..C'est le mythe de Sisyphe condamné à porter son fardeau…..Le film est sombre, désespéré même, mais il est réalisé comme une œuvre d'art, ça c'est indiscutable….
    garnierix
    garnierix

    237 abonnés 462 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    Qu’on n’aille pas voir ce film pour se distraire, résoudre une énigme, pleurer ou même avoir peur ––contrairement à sa catégorisation horreur / épouvante ––éventuellement on pourra en sortir écœuré ou se sentir sale sur soi. Ce film est un bijou pour les amateurs de bijoux cinématographiques, sans plus ––il y aurait un plus s’il y avait vraiment une histoire, de quoi avoir peur, de quoi pleurer... Tout est dans la théâtralisation de l’image, des sons, de la musique, des acteurs et des mots ––qu’importe si tout est vide de sens. Synopsis : deux hommes bizarres se retrouvent ensemble pour assurer la garde d’un phare, et deviennent de plus en plus bizarres, dans l’enfer gris des eaux atlantiques d’une île canadienne, à la fin du 19ème siècle. La question qu’on se pose est alors : pourquoi ce film ? pourquoi d’immenses acteurs en sont ? ––Dafoe (le Christ, le Bouffon Vert) et Pattinson (le vampire de Twilight). Mais c’est comme si l’on se demandait pourquoi Lovecraft a créé Cthulhu, ou pourquoi Nostradamus a accouché de prédictions. C’est la création, irrépressible, celle d’un artiste qui est tombé dedans et qui n’en sortira plus : l’auteur (Robert Eggers), c’est le fantastique qui le fascine et la force qui consiste à réveiller les sens des gens. Et donc là, avec ce film, c’est ce qui se passe. Et on aime ou on n’aime pas. Pour la question de l’horreur, c’est réglé dès le départ puisqu’on sourit des flatulences sonores du vieux triton joué par Dafoe : on sait que ce ne sera pas un film d’horreur. Dès le départ aussi, on sait qu’on est dans l’investigation esthétique : on n’a sans doute pas produit de film dans ce format carré depuis l’entre-deux guerres, plus le noir et blanc ––ce noir et blanc là s’avère si percutant, si beau… Ajoutez une bande son au carré noir et blanc, qui à elle seule donne envie d’halluciner ; plus la violence de l’isolement, du froid et de la tempête ; sans oublier l’ingrédient essentiel bien sûr qui est la folie de deux hommes. Il y a une folie qui semble mature (Dafoe), qui parle comme le capitaine Haddock et qui se pose les mêmes problèmes que lui, par exemple quand il est au lit doit-il dormir avec la barbe au-dessus du drap ou en-dessous ––mais certains penseront qu’il parle comme Shakespeare. L’autre (Pattinson) est plutôt la folie en construction, très fortement teintée de sexualité à fleur de peau (qu’on ne peut décrire ici sous peine d’être censuré). La fin est une allusion au mythe de Prométhée, on ne se sait pas trop pourquoi, mais ce n’est pas grave : l’image est sublime. Ce film perturbe et c’est bon ––c’est un chef d’œuvre, bien qu’il manque de sens ou de fantastique assumé. A.G.
    Michèle G
    Michèle G

    44 abonnés 26 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 décembre 2019
    Robert Eggers... Un nouveau maître du genre fantastique. À donner à ce huis clos en noir et blanc une incontestable force déconcertante. Un monde dans lequel le corps "pelliculaire" devient à part entière un personnage qui absorbe les autres. Une traversée où la lumière n'est pas même une source de salut. Un univers oppressant. Une interprétation à couper le souffle jusqu'à une mise en terre... à nous faire trop vite oublier que l'on est en mer. Un film où l'on croit se perdre, mais où l'on retrouve la puissance d'un cinéma innovant...
    Mehd .
    Mehd .

    1 abonné 3 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 décembre 2019
    Incroyable huis-clos surnaturelle, réalisé de main de maitre par Robert Eggers, déjà acclamé pour The Witch et faisant parti d'une génération de cinéaste novateur avec notamment Ari Aster; Jordan Peele ou David Robert Mitchell. Les performances de Dafoe et Pattinson sont dantesques.
    Remi S.
    Remi S.

    19 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 décembre 2019
    Là où le cinéma d'horreur contemporain aurai pu rester coller à des films et sagas sans saveur et tension comme celle *Conjuring*, de nombreux auteurs sont venus s'emparer du genre et proposer des œuvres plus intrigantes et intéressantes les unes que les autres. David Robert Mitchell et son teen-movie horrifique *It Follows*, Jordan Peele et sa psychologie, Ari Aster avec un ton orignal et intriguant, mais aussi Pascal Laugier avec *Ghostland*. Mais un seul parmi cette vague de cinéastes m'a le plus parlé via son traitement fortement esthétique donné à l'horreur, et ses contes tout droit sortis du passé : Robert Eggers.

    Apres avoir mis à l'épreuve une famille chrétienne face aux dangers redoutable d'une sorcière dans le sous-estimé *The Witch*, Robert Eggers quitte la campagne et la foret de la Nouvelle-Angleterre pour installer ses protagonistes au beau-milieu de l'océan déchaîné, entre les 4 murs d'un phare étrange.

    L'histoire pourtant simple, laisse place à un véritable cauchemar articulé entre ivresse, folie et horreur : Deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890.

    Le bateau amenant Thomas Wake ( Willem Dafoe ) et Ephraim Winslow ( Robert Pattinson ) à leurs destination, transperce le brouillard inquiétant qui surplombe la mer. La petite Île apparaît rapidement, avec en son sol un phare et une maison laissés à l'abandon. Pas un mot n'est échangé entre les nouveaux arrivants et l'équipe précédente. L'isolation commence.
    Le rapport de force entre les deux personnages est rapidement posé. Thomas et le chef ( grâce à sa grande expérience de l’Île ), Ephraim est ''l’élève''. Là où l'un se coltine les taches ingrate et inintéressante, l'autre s'occupe du symbole du phare : la lumière.

    Robert Eggers pose au fur et à mesure les pierres d'un récit habitée par l'étrange. Les rencontres étranges et les événements auxquels va assister Ephraim vont rapidement l’amener à s'interroger sur son compagnon de phare. Mais l'alcool, unique ravitaillement sur place, va s'avérer comme un désamorçage des doutes et des questionnements.
    Ivresse, boulot, misère vont faire tourner les personnages et le spectateur au point de perdre la notion du temps, à l'image de ses deux horloges sur le mur affichant des heures différentes. Mais inévitablement, nous savons que le personnage de Thomas cache quelque chose, en haut du phare, au contact de la lumière.
    C'est un affrontement permanent d'ailleurs entre les deux protagonistes, concernant l’accès à ce niveau. L’expérimenté Thomas refuse que le jeune Ephraim accède à cette opportunité. Qu'il y'a t'il là où règne la seul lumière de l’Île ?

    Le format 1.19:1, et le 35mm en noir et blanc augmente ce sentiment de claustrophobie et de tristesse du lieu. *The Lighthouse* est avant-tout une aventure sensorielle et hypnotique ! La complexité et l'étrangeté du récit nous invite évidement à ressortir de la salle, plein de mystère dans la tête. Sirènes, désir inassouvi, mouette mystérieuse, vie secrète des personnages jusqu’à même l'intervention des mythes comme le dieu Triton nous entraînent au cœur des mystères de l'océan qui nous rongeront la tête. Ce n'est pas hasard d'ailleurs que Robert Eggers fait encore une fois appelle aux vieux contes qui se racontait entre marins à la fin du XIXème siècle ( comme l'était aussi *The Witch* ).

    Dans sa mise en scène ultra maîtrisée et esthétisée, la caméra de Robert Eggers vogue entre les étages et les actions mystérieuse des personnages, capte les visages déboussolés, et filme une mer déchaînée spectatrice et actrice de la détresse des protagonistes ( enfin surtout celle de Ephraim, tant qu'il est encore lui ).

    Dans son originalité et son mystérieux, *The Lighthouse* ne peut nous faire sortir indemne de ce phare. Robert Eggers propose encore une fois, une oeuvre complètement hypnotisante qui pimente et pousse le genre horrifique vers le haut.
    ffred
    ffred

    1 730 abonnés 4 021 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 décembre 2019
    Deuxième film de Robert Eggers réalisateur du très remarqué et effrayant The witch. Vu en avant première en juin à la reprise de la Quinzaine des réalisateurs au Forum des Images, on se demandait s'il allait sortir un jour en salles. C'est donc chose faite et le film, tout bonnement hallucinant, se place in-extremis dans le peloton de tête des meilleurs films de l'année. Et sur tous les plans. La mise en scène est aussi virtuose que grandiose. Le scénario, fort, puissant, sombre, ambigu, nous concocte un récit aussi délirant que terrifiant pour un huis-clos aussi étouffant que claustrophobe. La technique est juste superbe. Montage, son (superbe), décors (le phare a été entièrement construit pour l'occasion), costumes, maquillages, effets spéciaux, tout est un travail d'orfèvre, le plus beau étant sans doute la photo (image noir et blanche au format carré). Mais la cerise sur le gâteau reste l'interprétation. Willem Dafoe et Robert Pattinson nous offre des prestations aussi impressionnantes qu'ahurissantes. Ils trouvent là, à mes yeux, leurs meilleurs rôles. D'un bout à l'autre on est pris aux tripes dans ce cauchemar éveillé dont on ne sort pas indemne, presque aussi perturbé que les personnages. Robert Eggers confirme donc largement aujourd'hui, et fait même mieux que son premier essai, chose assez rare. The Lighthouse, aussi halluciné qu’hallucinant, prend une place toute naturelle dans ma liste des films qui se méritent. Fascinant et hypnotique, un choc inattendu qui restera dans les annales. Une expérience visuelle et sensorielle unique. Un chef d’œuvre.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    705 abonnés 3 072 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 décembre 2019
    À mi-chemin entre « Le Phare » de Tristan Corbière et Les Feux de la Mer – la dimension documentaire d’État en moins – de Jean Epstein, The Lighthouse s’érige comme la nouvelle référence du cinéma d’horreur contemporain tout en confirmant le talent de son cinéaste, Robert Eggers. Car le cinéma de ce dernier, composé pour l’instant de deux films, réussit à donner vie à une peur atemporelle, inscrite dans une époque déterminée mais pourvue d’une virtuosité technique qui la raccorde au temps présent. L’ancrage historique est toujours flottant chez Eggers, il n’est pas plaqué mais seulement vécu par des personnages contraints d’organiser leur existence parmi des paysages désolés dont se dégage une atmosphère de fin du monde, comme si les rituels répétés jour après jour participaient d’une entrée en religion placée sous le signe du chaos, du naufrage. La partition musicale et sonore de Mark Korven décuple la puissance traumatique des images, aidée par le son incessant des sirènes. Dès lors, nous pénétrons dans le phare par sa base que nous explorons avant de grimper progressivement les marches, l’une après l’autre, jusqu’à la lumière. La progression du récit suit le passage de l’obscurité à la clarté, de la vie nouvelle entamée sur ce rocher isolé à l’absorption, à la dévotion, à la dévoration. Quête de la lumière, quête de la vérité, quête de la femme. Le phare devient l’incarnation de cette quête priapique où la taille – physique, métaphysique – de Winslow grandit, grandit jusqu’à dominer l’autre, le réduire en domesticité, l’enterrer vivant. C’est un phallus à l’érection progressive et qui trouve dans le déchaînement de la mer alentour ce qu’il lui faut de puissance pour jouir. Le film est ainsi traversé par le fluide et les flux : l’eau environnante, l’alcool qui coule à flots, l’urine soit dans le pot de chambre soit à côté, le sperme dont les décharges se font toujours plus brutales. Aussi voit-on le phare se couvrir de peinture blanche, ce même blanc qui macule le visage du beau Robert Pattinson une fois tombé au sol, ce même blanc qui fait office d’écran de transition entre la révélation et la vanité aux mouettes affamées. Œuvre fétichiste et initiatique, The Lighthouse brosse le portrait d’une humanité à bout de souffle qui se cantonne à ses fonctions vitales, soit boire, manger, dormir. Les personnages sont des corps sales et puants, Thomas pète à tout bout de champ, Winslow reçoit le contenu de deux pots de chambre qu’il a jeté dans les vents contraires. Mais surtout, ces hommes se définissent par leur solitude profonde que seule la fiction peut résoudre : donc on boit, on raconte n’importe quoi, au risque de s’inventer plusieurs vies différentes et antagonistes, de perdre sa jambe de diverses façons. On se cache sous une table pour rire comme des baleines, on se casse la figure, on manque de s’embrasser. Le film pense sa mise en scène comme le réceptacle des frustrations de notre duo (et en particulier du nouveau venu), le conservatoire d’une mythologie marine où jaillissent Neptune, les légendes populaires et l’esprit des marins disparus en mer. Ce faisant, il compose un puissant éloge des pouvoirs hallucinatoires de la fiction, capable de recréer un microcosme là où il n’y a qu’isolement et souffrance. L’art devient le pendant de la schizophrénie. La splendeur de chacun de ses plans envoûte un spectateur qui n’en croit pas ses yeux, avait oublié que le cinéma pouvait atteindre une telle beauté noire, assassinée. Porté par deux acteurs au sommet, aussi percutants que terrifiants, The Lighthouse est un puits de lumière, un kaléidoscope d’images cauchemardesques et fascinantes qui grave la rétine et attrape le spectateur pour ne le lâcher qu’au générique de fin.
    DanDan
    DanDan

    87 abonnés 272 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 novembre 2019
    Film visuel surprenant..dur à regarder..un peu lent au début..à voir avec des sous titres car les accents très British de William Defoe et Robert Pattinson sont dur à comprendre en anglais..le film fait penser au"salaire de la peur" de clousot...Robert Pattison dans la pluie et le charbon fait penser à Yves Montand et Jean Gabin dans "la grande illusion" ou "la bête humaine"..entrain de devenir dingue sur cette île avec ce phare dans un brouillard constant... ce phare qui pourrait être le 3eme acteur du film..Defoe est aussi extraordinaire à son habitude...et puis y a même une sirène..c'est dire Robert Eggers le réalisateur qui avait juste réaliser "The Witch" un film d"horreur en 2015..a beaucoup de talent...et Robert Pattison brille par son interprétation vertigineuse..chaque image en pause de ce film peut être une photo d'art moderne noir, sombre et mystérieuse..on pense aussi à David Lynch à ces débuts....voilà à voir attention à la fin surprenante à souhaits..
    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Dans les trois cinéastes indépendants américains qui sont en train de revisiter le cinéma fantastique et horrifique, Robert Eggers est peut-être celui qui nous avait le moins convaincu avec son « The Witch », très beau visuellement mais bien trop lent et hermétique. Les deux autres, Ari Lester et David Robert Mitchell nous ont enchanté avec les extrêmes « Hérédité » et « Midosmmar » pour le premier et les envoûtants « It follows » et « Under the Silver Lake » pour le second. Un trio de cinéastes dont on risque d’entendre parler de plus en plus et qui nous changent des sempiternelles productions Blumhouse ou encore celles issues de l’univers de « The Conjuring » et formatées à l’extrême. Revenons à Eggers qui, ici, va plus loin encore dans la perfection plastique en nous livrant un pur exercice de style totalement original, unique et hors des sentiers battus. Avec ce que cela comporte de qualités et de défauts pour ce genre d’exercice. Et, fort heureusement, Eggers nous convainc pleinement avec son très pictural « The Lighthouse ».




    On ne peut le nier, le choix du noir et blanc pour illustrer cette histoire de gardien de phare au XIXème siècle est payant et en totale adéquation avec le propos et l’univers recréé ici. Cela donne un cachet supplémentaire à cette œuvre qui n’aurait pas eu le même rendu si elle avait été en couleur. Ajoutez à cela l’image carrée, pas forcément utile quant à elle, et vous obtenez un effet et une patine vraiment particuliers pour un film qui semble sortir des débuts du cinéma parlant, voire qui aurait pu être muet. On pense beaucoup à « Nosferatu le vampire » et parfois aux films mettant en vedette les créatures de Ray Harryhausen. Les plans sont travaillées à l’extrême tout comme l’éclairage et Eggers sait tirer profit de tous les aspects de son décor unique, du phare lui-même, à la maison des gardiens en passant par les contours de cette petite île. L’aspect sonore joue également un rôle clé avec cette sonnerie stridente qui rend l’ambiance pesante. Quant au rendu de l’atmosphère, il alterne entre le mystérieux voire l’étrange et la carrément poisseux et désespéré, notamment lors de la tempête ayant cours dans cet endroit de bout du monde. Rien à redire, « The Lighthouse » est une œuvre plastiquement irréprochable dont le visuel rend hommage à tout un pan du cinéma d’antan et nous permet de voir, d’une manière documentaire détournée, le fonctionnement d’un phare à l’époque.




    Mais sur le versant psychologique, c’est tout aussi probant. C’est à un voyage au bout de l’enfer que nous convie le script. Entre la solitude et la folie. On se rend bien compte que cet isolement ajouté à l’alcool et aux secrets des deux protagonistes va envenimer leurs rapports jusqu’au point de non-retour. Et autoriser de manière insidieuse l’incursion du fantastique dans sa forme première. C’est-à-dire qu’on ne saura jamais si le paranormal est de la partie ou s’il sort de l’imagination des personnages tout comme il faut accepter que certains faits resteront inexpliqués. Un respect du genre conforme aux récits d’Edgar Allan Poe auquel on pense également. Et il faut saluer les compositions hallucinées et hallucinantes de Robert Pattinson, décidément de plus en plus impressionnant au fil de sa filmographie, et de Willem Dafoe. Plus le film avance, plus ils interpellent et nous mettent KO jusqu’à un final tétanisant, terrifiant et horrible, visuellement comme mentalement. Mais on pourra regretter quelques scories propres aux auteurs se sachant doués. Eggers, comme Lester et Mitchell, aime se regarder filmer et « The Lighthouse » n’échappe pas à certaines longueurs et plan inutiles et décoratifs. De plus, le film se limite à ce qu’il propose en tant qu’exercice de style, rien de plus. Il y a aussi certains des nombreux traits d’humour noir qui sont dispensables. Une bonne partie du public restera sur le bas-côté il faut le savoir, c’est un film de niche, un peu comme « A Ghost Story » de David Lowery. Un film qui réussit sa proposition artistique et sa feuille de route mais ne sera aimable que pour les amateurs de ce genre d’exercice et les spectateurs avides de performances à Oscars.




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    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 24 mai 2019
    Robert Pattinson est également devenu l’un des acteurs les plus remarquables de sa génération, le plus fascinants dans son choix de rôle expérimental. "The Lighthouse" fera enfin taire les Pattinson Haters (s’ils regardent mêmeson film). Mais ce n’est pas la seule force de cette descente amoureuse dans la folie.

    Maine dans les années 1890: Thomas Wake ( Willem Dafoe ), gardien de phare expérimenté, et son assistant, Ephraim Winslow ( Robert Pattinson)) commencent leur quart de travail de quatre semaines sur une petite île au large de la côte. Bien que le manuel stipule en fait que les deux équipes doivent alterner dans les équipes, le vieux marin ne laisse pas son jeune collègue se mettre au sommet de la tour. Au lieu de cela, Ephraim doit faire toutes sortes de travaux de bas niveau. Les tensions entre hommes augmentent, mais sont également interrompues par des moments d'intimité profonde (surtout lorsque l'alcool coule à flot). Lorsque les quatre semaines sont enfin terminées, une violente tempête s'installe, empêchant de quitter l'île. Peut-être même pendant des semaines et des mois ...

    Robert Eggers a écrit le scénario de "The Lighthouse" à l'origine uniquement parce que c'était avec son projet de coeur " The Witch""Juste ne pas aller de l'avant. Avec la limite sur une petite île, qui non seulement perd la réalité des deux gardiens de phares gallois bloqués à partir de 1801, mais construit aussi toutes sortes d’autres mythes et légendes, il calcula en revanche de meilleures chances, car si il est nécessaire, avec moins d'argent il pourrait être réalisé. Mais ensuite, comme vous le savez, tout se passa très différemment: "The Witch" était toujours filmé et devint non seulement le chouchou de la critique , mais aussi un succès au box-office (plus de 40 millions de dollars de recettes avec seulement quatre millions de dollars).

    et pourtant Eggers est revenu une fois à son ancien projet d’urgence. Cependant, "The Lighthouse" n’aurait guère eu l’air si il avait été réalisé il ya quelques années comme un débuts (sans parler du casting de deux stars de Hollywood). Eggers profite pleinement de sa liberté (financière) acquise entre-temps pour ne pas avoir à faire de compromis sur la mise en œuvre de sa vision artistique radicale. Le récit qu'il crée à partir des mythes pris et traqués par le mélangeur surréaliste est quelque chose de tout à fait propre, cauchemardesque. Et en termes de mise en scène, l'horreur gothique tombe même littéralement du cadre (hollywoodien):

    Dans le format quasi-carré 1,19: 1, vous ressentez l'étroitesse de la situation avant même que les deux gardes n'arrivent sur l'île Le format inhabituel utilise également pour le laisser plus tard "reporté" par son protagoniste, on peut attendre dans "Le Phare" pendant des moments aussi longs. Le film commence déjà déprimant et laisse la menace se poursuivre jusqu'à ce que le générique final continue à grossir. Si la proue du bateau dans l’un des premiers aménagements fend la mer déchaînée, on se croirait directement dans un poème épique silencieux - certes restauré - terriblement restauré, incluant le pathos rustique. Mais ce n’est pas étonnant, car il a été tourné sur du vieux matériel 35 mm noir et blanc avec des objectifs antiques des années 1930. Un tel effort peut être prétentieux, mégalomane ou même monstrueux à l’époque de la photographie numérique moderne. Mais il paye:

    Roma "aux images en noir et blanc les plus marquantes que nous ayons vues depuis longtemps.

    Scènes difficiles pour les amoureux des animaux

    Alors que Robert Pattinson, avec une moustache sauvage et un visage émacié, bat encore et encore un goéland (et son image de star adolescente) sur un rocher jusqu’à ce qu’il n’ait plus qu’une souche boueuse entre ses mains ensanglantées, Willem Dafoe joue ( " Van Gogh - Sur le seuil de l'éternité") Avec ses tirades dominatrices constamment contre son charme noueux naturel.

    Cependant, le duo n'invite pas plus intensément l'atmosphère déjà menaçante. Les deux font également contrepoids aux images surréalistes comme une horreur avec un humour inattendu (bien que convenablement noir). Donc, Dafoe joue avec Thomas dans l’une des scènes les plus remarquables (et particulièrement amusantes) du film, car Ephraim a juste calculé que ses compétences en cuisine ne suffisaient pas à être appréhendées. Mais qui après des débuts célèbres comme "The Witch" est un second personnage visuellement (sinon nécessairement thématique) encore plus enivrant comme "The Lighthouse", riez bien ...

    Conclusion: Un film fantastique photographié et formidable joué la descente dans la folie. Non seulement pour les fans de "The Witch" et les monstres mythiques de HP Lovecraft, mais aussi pour tous les amis du cinéma d’horreur aussi ambitieux que esthétique.
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