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Laurent T.
16 abonnés
53 critiques
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2,0
Publiée le 27 mai 2018
Ok, le réalisateur veut dénoncer l'hypocrisie de la religion dans un pays où c'est compliqué de le faire. Mais pourquoi tous ces plans où l'on suit la vie quotidienne, spoiler: la scène de transport de l'eau est longue et inutile . Bref, on a plus l'impression d'assister à du remplissage qu'à une véritable enquête.
Seul le carton tenant lieu de générique de début nous donne l’explication de ce titre mystérieux–: un entrepreneur birman, pas si jeune que le prétend la publicité, souffre d’insomnies, et sa mère, sur le conseil d’un charlatan, le persuade qu’il en guérira s’il achète quatorze pommes et va faire un séjour de deux semaines dans un monastère bouddhiste, très loin de la ville. Il suit ce conseil idiot et va vivre comme un moine pendant deux semaines. En chemin, sa voiture (de luxe) s’ensable, et une quinzaine d’enfants viennent l’aider, qu’il récompense somptueusement en leur laissant... une boîte de biscuits–!
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le réalisateur, qui est birman mais naturalisé taïwanais, prend son temps et abuse des plans-séquences dans lesquels il ne se passe rien–; par exemple, sans nous épargner la moindre seconde, il filme intégralememnt le retour au village de ces cinq femmes qui sont allées puiser de l’eau très loin de chez elles en la rapportant dans des bidons très lourds qu’elles portent sur leur tête – une eau que l’insomniaque gaspillera ensuite pour sa toilette matinale. Ou encore, cette interminable dispute entre deux moines, qui ne parlent que de l’argent qui leur est versé par les habitants du village, alors qu’eux-mêmes, vénérés, nourris gratuitement par la population, et passablement sexistes, ne font rien de plus que de participer à la collecte des dons.
S’il faut comprendre ce film comme une critique de la religion toute puissante (tout le monde s’incline et s’agenouille devant les moines, qui ne sont que des parasites moralisateurs), on pouvait être plus direct et plus rapide !
Le film se compose d'une suite de plans séquences, sans voix off, où il ne se passe à chaque fois qu'une seule chose : un trajet, une toilette, une discussion, une méditation. Aucune intrigue ne se révèle ni aucun propos explicite : certains critiques y voient la condamnation du matérialisme et de la misogynie des moines ; d'autres semblent penser que le film invite à la contemplation et la méditation. Les deux interprétations se justifient sans doute. Ce n'est pas inintéressant, d'une part parce que c'est inhabituel et d'autre part parce que le documentaire nous donne un sentiment assez juste de ce que doit être cette vie monastique finalement assez ennuyeuse, assez répétitive. On a parfois l'impression d'accompagner ces êtres, comme dans la vie réelle, sans que les choses prennent un sens plus profond, plus mystique que nos gestes n'en ont au quotidien.
Un film unique en son genre, déroutant, étonnant, dérangeant, une plongée directe dans la réalité du bouddhisme authentique où les moines s'agressent et comptent leurs sous, loin du regard des fidèles qui se prosternent en leur présence - bouddhisme bien éloigné de l'Occident qui l'idéalise jusqu'au ridicule. Pauvres femmes portant l'eau que gaspille le moine pour se rafraîchir... Une oeuvre atypique indispensable pour nourrir une réflexion sur la spiritualité en général, birmane en particulier