Le 22 juillet 2011, une bombe explose près du siège du gouvernement norvégien à Oslo. L’explosion tue huit personnes et fait quinze blessés.
L’attaque sur l’île d’Utøya se produit environ deux heures plus tard, dans un camp de jeunes organisé par la Ligue des jeunes travaillistes, où sont réunis environ 500 personnes. Un tireur armé déguisé en policier ouvre le feu sur les campeurs, tuant soixante-neuf personnes et en blessant trente-trois.
La police arrête Anders Behring Breivik, un militant d’extrème droite de 32 ans qui revendique les deux attentats et qui dénonce les "marxistes culturels" qui laisseraient, selon lui, l’Europe être colonisée par l’islam.
Le 24 août 2012, à l’issue d’un procès où il multiplie les provocations, il est jugé responsable de ses actes et condamné à la peine indéterminée, soit 21 ans de prison avec un minimum de 10 ans de réclusion, la peine maximale en Norvège.
Utøya, 22 juillet a été écrit sur la base de témoignages et des rapports de police. Par respect pour les victimes et leurs familles, les personnages du film et leurs expériences individuelles sont cependant tout à fait fictifs.
Alors que de nombreux débats se sont déroulés après les événements tragiques du 22 juillet, notamment sur le lieu où ériger le mémorial des victimes et sur la reconstruction du bâtiment gouvernemental détruit à Oslo, et que les prises de parole de l'auteur du massacre étaient relayées par les médias, le réalisateur Erik Poppe souhaitait "recentrer l’attention sur les victimes et leurs familles, sur ce qui s’est réellement passé et de souligner la bonne perspective sur le crime et les actes qui ont été commis afin de restituer la mémoire de ces événements aux vraies victimes. J’ai décidé alors de raconter l’histoire du point de vue des jeunes qui ont survécu".
La montée du néofascisme en Europe a été l'un des autres moteurs du cinéaste.
Si Erik Poppe a privilégié la fiction au documentaire pour raconter cette histoire, c'est parce qu'il estime que "Fondamentalement, le documentaire peut raconter une ou plusieurs histoires, mais la fiction, basée sur des recherches approfondies et des interviews (que j’ai faites avec plus de 20 jeunes) peut être plus véridique et raconter une histoire qui va parler à plus de gens".
Le réalisateur a passé plus d'un an et demi à collecter des témoignages auprès des survivants et a également rencontré le responsable en chef de l’enquête de police pour avoir accès au dossier : "J’étais sceptique quant à la possibilité même de faire [un film]. Beaucoup de livres ont essayé de l’expliquer, mais les mots ne peuvent pas expliquer et montrer comme un film et des images le peuvent. Pour moi, il était important de décrire l’histoire du point de vue des jeunes, des victimes et non du terroriste".
Il a décidé, pour des raisons éthiques, de ne pas tourner sur l'île d'Utøya mais sur une île voisine.
La particularité d'Utøya, 22 juillet est d'être réalisé en un seul plan-séquence et de se dérouler en temps réel. Erik Poppe revient sur ce choix de mise en scène : "L’idée était d’essayer de voir s’il serait possible de dépeindre les sentiments des jeunes présents, pour essayer de comprendre cette histoire et de la ressentir à partir d’un autre point de vue que celui qu’on a l’habitude de voir dans les films. J’espérais qu’après toutes les spéculations et les récits qui ont été faits sur la tuerie, nous pourrions rendre la propriété de leur histoire aux victimes du 22 juillet".
Les jeunes acteurs du film ne sont pas des comédiens professionnels. Les producteurs et le réalisateur ont tenu à les protéger de l'attention des médias en étant particulièrement discrets durant le casting. Erik Poppe a également pris le temps de discuter du projet avec leurs parents.
Erik Poppe n'a eu de cesse durant la préparation de solliciter les familles des victimes et les survivants, "dont la crainte principale était que ce film « commercialise » ce drame." Il ajoute : "Quand le film a été terminé, on m’a suggeré de proposer aux survivants de découvrir le film dans le cadre du lent processus de guérison, dans un environnement où seraient présentes des équipes de psychologues professionnels. Certains des jeunes survivants sont devenus des ambassadeurs du film, d’autres ont choisi de ne pas le voir, mais dans l’ensemble il y a eu une attitude positive à l’égard du film".