Avis sur Luise

On pense beaucoup au récent "The World to Come" (2021) de Mona Fastvold. Dès le début on sent le manque de moyen, un petit film à petit budget ce qui a peut-être aussi poussé à ce huis clos avec uniquement quatre protagonistes. Ce genre de triangle amoureux est devenu un canevas si éculé qu'on devine les grandes lignes, mais il y a le contexte géo-politique particulier de l'Alsace en 14-18 qui enrichit le récit. L'Alsace qui est alors redevenue allemande, le film intelligemment tourné en français, en alsacien et en allemand permet une immersion idéale bien aidé aussi avec des décors simples tout à fait suffisant. Les amours lesbiennes sont filmées avec pudeur, le trio d'acteurs fonctionnent bien mais on a bien du mal à croire que les soldats ne trouvent rien dans une maison aussi petite ou à comprendre pourquoi le supérieur allemand ne croit pas son soldat par exemple. Le mise en scène reste classique, on aurait aimer aussi que l'environnement (forêt, champs, animaux) soit plus présent comme un cinquième rôle mais on peut savourer par contre un poème de Renée Vivien. En conclusion un film pas déplaisant mais sans surprise, sans doute un peu trop "sage".
Site : Selenie.fr

Luise est très mal parti pour faire une grande carrière dans les salles françaises. Du fait de sa chiche exposition mais aussi, sans doute, du peu d'envie des spectateurs de se plonger dans un quasi huis clos, à la fin de la première guerre mondiale. Le contexte alsacien de l'époque est pourtant intéressant, dans cette transposition du Renard de D.H. Lawrence, de même que ce plan à trois bancal qui se dessine entre une locale, une française et un soldat allemand. Sans compter un renard qui vient faire des siennes dans le poulailler de la ferme, située au milieu de nulle part. L'argument est assez mince, il faut bien l'avouer, et le récit fait du sur place pendant un très long moment, avant de s'emballer de manière impromptue et assez artificielle, dans les dernières minutes. Luise a l'étoffe d'un moyen métrage, au mieux, et la mise en scène de Matthias Luthardt n'a hélas pas suffisamment de créativité pour nous passionner outre mesure, restant même assez peu explicite sur les différentes personnalités de son singulier trio. Pourtant, il y a la révélation d'une belle et talentueuse actrice dans le film, celle qui interprète avec une belle prestance le rôle titre, à savoir Luise Aschenbrenner. A 28 ans, celle-ci s'est surtout illustrée jusqu'alors dans le théâtre allemand. Sa connaissance de l'anglais et du français, ainsi que son talent évident, devraient lui permettre d'entamer une carrière internationale.

Luise est un film comme on en fait plus… une petite histoire dans la grande histoire. Intimiste sans effet… tout dans les regards et une Luise qui transparaît à l‘écran. Le film m‘a touché.

Bien plus fort que l'œuvre de D. H. Laurence dont il est tiré (Le renard), ce film est poignant et éblouissant. Magistralement interprétée par l'actrice principale, il évoque avec pudeur les amours sapphiques de l'héroïne, ponctuées par le poème de Renée Vivien.