OSS 117, Afrique équatoriale, 1981.
Personnage principal : Hubert Bonisseur de La Bath, agent secret français.
Traitement du personnage : humoristique. OSS 117 est une caricature d'un Français né dans les années 1920 ou 1930 dans un milieu aristocratique : il est réactionnaire, paternaliste et arrogant. De ces caractéristiques parfaitement conscientes et assumées par lui, découlent un certain nombre de défauts, dont la misogynie, le racisme et la phobie des homosexuels. Mais au premier abord, OSS 117 est un agent secret compétent, qui sait garder son sang froid, qui se montre courageux voire téméraire. Il plaît réellement aux femmes et il aime se croire spirituel quand il leur parle.
Le ressort comique d'un OSS 117 réussi doit reposer sur le décalage entre le comportement attendu d'un agent secret (ex: discrétion, efficacité) et le comportement du personnage, qui ne parvient pas à échapper à ses automatismes et à son conditionnement familial et culturel. Un OSS 117 réussi devrait permettre aux spectateurs français de s'interroger sur la France, sa culture et ses valeurs, et aux spectateurs étrangers de rire de nous, en racontant une histoire intéressante et amusante à la fois.
Le problème principal de ce troisième film, c'est que le réalisateur cherche à prolonger la série et non à respecter le genre du film, le pastiche, ce qui imposerait de donner à OSS 117 une mission réaliste, et interdirait tout recyclage des scènes déjà montrées dans les épisodes précédents. Or malheureusement, dans cet épisode africain, moins encore que dans les deux premiers films d'OSS 117 incarné par Jean Dujardin, la mission confiée au héros n'a de crédibilité. Il aurait été d'ailleurs plus intéressant qu'Armand (le chef d'OSS 117) lui confie cette mission impossible, mais qu'OSS 117 lui fasse remarquer que certaines choses allaient être compliquées, même pour lui, compte tenu de sa condition physique, ou de toute autre raison crédible. Ceci aurait introduit une attente du spectateur par rapport à cette mission ("va-t-il y arriver ou pas?"), et aurait pu permettre à Armand de lui adjoindre OSS 1001. Le problème c'est que dès l'énoncé de cette mission complètement infaisable, on comprend qu'il ne pourra y avoir aucune tension dramatique dans le film, aucun moment de véritable suspense. Cette crainte est d'ailleurs immédiatement validée par la scène absurde et grotesque de l'arrivée d'Emile Cousin dans le pays africain, comme s'il était le président de la République française lui-même. La suite tourne au récit picaresque, c'est-à-dire qu'on ne sait plus à quoi s'attendre, et ça devient une comédie franchouillarde classique, donc de bas niveau, avec un Jean Dujardin fatigué et un Pierre Niney inutile. Il ne manque que les apparitions des copains du réalisateur, comme dans certains Astérix.
Bref, ce film n'est qu'une suite ratée et fainéante à deux films déjà critiquables, mais qui avaient quand même un paquet de qualités (photographie, mise en scène, jeu, humour, ambiances, musiques...).
La conclusion de cette critique, c'est que tout ne doit pas être sujet à humour dans un pastiche, sans quoi le film sort de ce genre et tombe dans le ridicule. Le spectateur, au lieu d'être emporté par l'histoire dont découlent la surprise, les rires et les émotions, décroche et s'ennuie, en se jurant que plus jamais on ne l'y reprendra (mais en fait, si, on replonge encore et encore dans la médiocrité, c'est bien ça tout le problème du cinéma au XXIème siècle).