Lune de miel : les secrets du tournage

Lune de miel résulte d'une histoire inspirée de la vie d’immigrée de Ioana Uricaru, aux Etats-Unis. La réalisatrice voulait faire un film qui aurait pour sujet une Roumaine qui essaie de trouver sa voie en Amérique. Si, au début de l'écriture, Lune de miel était surtout un long métrage sur l'immigration, il est de plus en plus devenu un film qui traite de la condition de la femme. Ioana Uricaru se rappelle : "Quand j'ai commencé le travail sur la première version du scenario, il y a huit ans, ce sujet n'etait pas trop présent dans les médias. Et, en effet, quand le scandale Weinstein a débuté, nous étions déjà en tournage. Donc d'une certaine façon c'est une coïncidence que Lune de Miel traite d'un sujet qui est d’ actualité - c'est impossible de planifier une chose comme ça, mais je crois que ça signifie qu'il y avait des problèmes dans la société américaine qui ont attiré mon attention, et qui attendaient de surgir dans la conscience publique."

Le titre français du film est une allusion un peu ironique à la différence entre ce qu'on imagine, ou que l’on souhaite, et la réalité de l'immigration qui, dans ce cas précis, se superpose avec une vraie lune de miel après le mariage de Mara.

Pour trouver Mălina Manovici (que l’on découvre dans Lune de miel même si elle a joué dans Baccalauréat) et le jeune garçon Milan Hurduc, Ioana Uricaru a organisé des auditions en Roumanie. La cinéaste se souvient : "J'ai aussi fait des lectures à deux, - Malina avec des postulants pour Dragos. Malina a aussi fait des essais pour le rôle d’ Aniko, d'ailleurs. Elle m'a convaincue qu'elle pouvait apporter de l'authenticité au personnage. Pour Milan, qui joue Dragos, c'est son premier rôle au cinéma, et il a vraiment été formidable. Il a compris, dès le début,que c'était un vrai travail, et il a été d'un professionnalisme impeccable."

Réaliser un premier long-métrage est toujours très difficile, particulièrement aux Etats-Unis où il n’y a aucune aide à la réalisation cinématographique – pas de subventions suffisamment importantes, ni de fondations, de bourses, d’agences gouvernementales ou d’organismes publics. Ioana Uricaru confie : "Le seul moyen de financer son film est de voyager à travers le monde pour trouver les fonds dont vous avez besoin. Les modes de financement d’un petit film indépendant – comme Lune de miel – sont très différents d’un continent à l’autre. Aux États-Unis, c’est le genre de votre film et le nom de l’acteur célèbre que vous avez engagé pour y jouer qui est important ; en Europe, ces critères ne sont presque pas pris en compte, ce qui importe c’est que vous ayez un scénario accrocheur et que vous ayez déjà participé à des festivals."