A coté du cinéma du japonais Hirokazu Kore-eda dont les films ne font jamais moins de deux heures, le cinéma du coréen Hong Sang-so est vraiment du concentré…1h 06 pour son dernier film « Grass »…. Au bout d’une allée, entre pavillons et jardins, un café, ou plutôt pour nous, un salon de thé…On y sert thé ou café, mais le patron sait fermer les yeux quand les clients amènent de l’alcool. Et particulièrement du shoju…. Les gens s’assoient et parlent de leur vie. Ce sont toujours des couples de femmes et d’hommes mais qui ne vivent pas ensemble. Des amis qui se retrouvent, peut-être d’anciens amants, d’autres apprennent à se connaître. Beaucoup sont comédiens. Et pourtant tous portent en ce lieu leur solitude à découvert. Au fil des discussions, d’une table à une autre, d’un plan serré à un plan d’ensemble, leurs émotions se libèrent. Elles sont bruyantes, surprises au milieu des larmes ou d’un sourire, non dites, reflux émotionnels toujours liés à la perte, celle d’une amie, d’un amour, d’une vie paisible ou d’un devenir écrivain. L’ensemble est baigné par une musique de Schubert, Wagner, Offenbach, Pachelbel….Dans un coin, une jeune femme, la mystérieuse Areum (interprétée par Kim Minhe , son actrice fétiche)…elle est devant son ordinateur, observe les couples, semble mettre par écrit leurs pensées…ou romance sur ce qu’elle surprend…on ne saura pas grand-chose d’elle, sauf qu’elle a un frère qu’elle morigène sur sa récente liaison avec une jeune hôtesse de l’air…L’aime-t-il vraiment, est-il certain de ses sentiments…Tous ces récits sous couvert d’écriture de ses personnages, ne sont peut-être qu’un moyen d’écrire sa propre partition, elle qui semble encore se chercher, éthérée quant à son futur… comme souvent Hong Sang-so brode sur le thème de l’indécision amoureuse, la confusion des sentiments qui l’a fait souvent comparé à Rohmer…C’est surprenant et parfois même envoûtant… C’est bien entendu tourné en noir et blanc comme ses précédents films…Hong Sang-so est fidèle à son chef opérateur Kim Hyungkoo…mais dans un noir et blanc moins travaillé que dans Un Jour d’après…et comme souvent dans le cinéma de Hong Sang-so…on boit…quelques verres de shoju permettent peut-être d’y voir plus clair dans la confusion des sentiments !!! Et pourquoi Grass ? le plan de départ montre une kyrielle de pots de terre où émergent quelques pousses…à la fin du film, les jeunes pousses ont eu l’audace de pousser en plein automne…