D’abord une série télévisée créée dans les années 60 par David Levy, la famille Addams est depuis devenue une sorte de franchise intemporelle. Présentée sur différents formats télévisuelles depuis son apparition, l’histoire de cette famille insolite fût à de multiples reprises adaptée en dessins-animés. Le film, le premier des deux, signé Barry Sonnenfeld, l’homme qui sera derrière Men in Black, des années plus tard, est sans conteste la plus commerciale des adaptations de la franchise, au format hollywoodien et à l’ambition de faire date, parallèlement aux premières œuvres de Tim Burton. Le rapprochement des œuvres de Burton à cette relecture de la série par Barry Sonnenfeld est inévitable, notamment lorsque on lorgne sur l’esthétisme et la thématique même de cette production sincère. Oui, mais Sonnenfeld n’est pas Burton, et en dépit du potentiel de son matériau, des personnages reconnus, une atmosphère toute désignée, le metteur en scène peine à sincèrement convaincre.
Tout le monde connaissait, et connaît encore, le cercle réduit de ce drôle de clan familial. Du couple Gomez et Morticia à la petite Mercredi en passant par les inévitables Oncle Fester, Lurch ou cousin Machin, l’avènement de tels personnages, en 1991, découlait d’un certain ordre logique des choses. Esthétiquement, le film de Sonnenfeld, convaincant, en son temps, répond aux attentes. Les lieux sont à la fois lugubres et enfantins, mélange de sordide et de fantaisie au service d’un récit peu attrayant, notamment de par une première partie nettement en deçà de la seconde. Tout réside ici dans le retour du tonton dit Fétide, Fester en version originale. Le doute s’installe du fait d’une narration semi-chaotique. La facilité d’entrer dans un tel film était essentiel tant celui-ci s’adressait au jeune public comme aux plus anciens. En cela, et malgré une certaine inventivité, la famille Addams manque le coche. Si le rythme ira crescendo et qu’au final, nous serons amenés à nous attacher à chacun des protagonistes, l’entreprise n’en reste pas moins laborieuse.
Les acteurs choisis ont indubitablement les tronches de l’emploi, mention à la petite Cristina Ricci, splendide petit diable stoïque. Pour autant, la palme et une bonne part de l’intérêt du film reviennent à Christopher Lloyd, l’impayable Doc de Retour vers le futur, pour ceux qui ne le sauraient pas. Oui, le comédien, très expressif, pour l’occasion, endosse le costume, un peu malgré lui, du meneur de la partie. Son apparition, son objectif et sa progression auprès de la famille marque le véritable atout du film de Sonnenfeld. On retrouve finalement l’esprit de la série, des séries animées, au bout d’une bonne heure de visionnage, et ce malgré le manoir reconnaissable et divers personnages fidèlement remis au goût du jour. Oui, si tout commence par une certaine bande-son, on peinera à reconnaître pleinement l’esprit premier du show de David Levy. Mais la patience finit par payer.
S’il n’est absolument pas un hit majeur du cinéma fantastique de la fin du siècle passé, le film de Barry Sonnenfeld marque tout simplement de par sa nostalgie les fans venus retrouver des personnages phares de leurs jeunesses. Ayant pris un sérieux coup de vieux, au montage comme dans les décors et effets visuels, comme l’illustrent les déplacements de la chose, nettement moins naturels que sur un vieil écran à tubes cathodiques, il n’en reste pas moins que la famille Addams aura vécu à travers le temps, en partie grâce à ce film. Remercions donc Barry Sonnenfeld par cela. 09/20