Né en 1981, à Chicoutimi, au Québec, Félix Dufour-laperrière a étudié à Montréal où il travaille actuellement. Réalisateur et scénariste, ses films se partagent entre cinéma d’animation, essais documentaires et courts métrages expérimentaux. Son travail, qui témoigne d’une tension constante entre récit et exploration formelle, entretient un rapport étroit avec les arts visuels et contemporains. Ses films, parmi lesquels : Un, deux, trois, crépuscule (2006), Rosa rosa (2008), M (2008) et Transatlantique (2014), ont été présentés dans de nombreux festivals, musées et événements nationaux et internationaux d’importance où ils ont remporté plusieurs prix. Ville neuve est son premier long métrage d’animation, entièrement dessiné à l’encre de chine. Il travaille aujourd’hui à la réalisation du documentaire d’animation Archipel ainsi qu’au développement de son second long métrage d’animation La Mort n'existe pas.
Ville Neuve est sélectionné au Festival International du Film d’Animation d’Annecy. Félix Dufour-laperrière confie : "C’est une grande joie de présenter un film singulier, atypique autant par son sujet que par son traitement, dans un festival où convergent tous les curieux, les professionnels et les fans du cinéma d’animation. Et comme Ville Neuve sortira au cinéma dans la foulée, cette sélection nous permettra un premier contact, heureux je l’espère, avec le public français."
Ville Neuve est librement adapté d’une courte nouvelle de l’écrivain américain Raymond Carver, "La Maison de Chef". Félix Dufour-laperrière a puisé dans cette nouvelle de cinq pages le contexte des retrouvailles, la maison en bord de mer et l’intuition des principales forces qui animent les personnages du film : la fatalité et la colère de Joseph et une espérance lucide, résistante, chez Emma. Il explique : "Déplaçant ces retrouvailles dans mon pays, j’ai souhaité y faire résonner les espoirs politiques du Québec moderne et ainsi lier les registres intimes et collectifs. La parole a rapidement pris de l’importance puisqu’elle est centrale à ces deux registres. Sont alors nés les récitatifs (ou monologues) de chacun des principaux personnages. Le dessin et l’animation à la main, sur papier, a fait le reste."
Félix Dufour-laperrière a choisi la technique de l’encre sur papier, qui a ensuite permis d’obtenir une signature graphique franche et singulière, correspondant au ton et aux thèmes du film. Le metteur en scène raconte : "Le travail sur papier, avec ses incertitudes, ses vibrations et ses textures, accompagne parfaitement le rythme interne du film. Le caractère dessiné, imparfait, est également propice aux métamorphoses, aux transitions animées et m’a permis de parfois vider le cadre, d’isoler les figures et les objets de leur contexte pour les ériger comme dessins, comme signes ou symboles. La fabrication de Ville neuve c’est environ 80 000 dessins. J’ai fait seul un travail de préproduction pendant une année et demie, pour mettre en place l’iconographie du film et faire l’ensemble des poses clés de l’animation. Une valeureuse équipe s’est ensuite progressivement constituée, entre cinq et trente personnes sur une période de production de deux ans."