Cette noce insolite est née à partir d’une trame narrative très simple, un prétexte : le marié s’enfuit de la noce. Le film s’est cristallisé dans l'esprit du metteur en scène Pascal Thomas au cours du tournage. Il explique :
"J’aimais sa colonne vertébrale simple et même fragile. J’ai ressenti ce film plus que je ne l’avais pensé. Cela m’a permis durant la préparation et le tournage d’y mettre la chair, constituée de surprises multiples. Beaucoup de séquences furent conçues pendant le tournage et même des personnages. Alexandra Stewart, en mère du marié, n’avait pas une ligne quand elle nous a rejoints, et elle est devenue un des piliers du récit. Même chose pour la mariée, et les enfants dont les scènes ont été écrites pendant que l’on se dirigeait vers le lieu du décor... Même chose pour les personnages incarnés par José Garcia, Rossy de Palma et Marie-Agnès Gillot embarqués quand notre train cinématographique était déjà en route. L’orchestre La Tarwiwa et les chansons écrites, interprétées par Antonin Bartherotte et Victoria Lafaurie se sont imposés d’eux-mêmes."
Au niveau de la lumière, Pascal Thomas avait imaginé ce mariage sous un ciel bleu, mais le climat océanique du Bassin d’Arcachon et du Cap Ferret en ont décidé autrement. Durant le tournage, il n'y avait que des pluies, vents, bourrasques et percées éblouissantes du soleil. Le réalisateur se rappelle : "Tout cela pour aboutir à un paysage nuageux et nuancé, à ce gris « Chardonne » si difficile à capter. Cette noce qui ne se déroule pas comme prévue va entrainer des confessions, des récits, des confidences, qui vont révéler les caractères, et ce que cache ce petit monde. Ceci d’après un scénario qui n’existe pas encore et dont on a à peine esquissé les grandes lignes pour conserver toute notre liberté de création. Elles se préciseront au fur et à mesure de l’invention des scènes et des prises de vues. Elles se révèleront alors par la seule justesse des situations et des dialogues, des non-dits et des renoncements, et aussi des triomphes."
Pascal Thomas cherchait, pour le personnage du chauffeur de taxi joué par José Garcia, un décor en banlieue. Pour justifier le grand nombre de livres dans la maison retenue, il a alors fait de José Garcia un chauffeur de taxi poète. Le cinéaste confie : "Il faut dire que la proposition de tourner avec lui est venue, elle aussi, en cours de route, une fois la mise en production terminée. Ravi que l’on puisse travailler ensemble, je voulais surtout mettre en évidence sa richesse de jeu, son humanité et sa puissance d’émotion. J’ai dû voir juste car depuis que le film est projeté, certains ont comparé José à Raimu et regrettent de ne pas le voir plus souvent dans ce genre de rôle."
Pascal Thomas définit À Cause des filles comme un film qui ressemble aux saisons de la vie : un début ensoleillé, quasi printanier, qui se poursuit sur un mode joyeux puis mélancolique. Le metteur en scène précise : "On se promène dans cette noce, et, en chemin, on aborde, l’air de rien, l’amour, la solitude, la littérature, le couple, le sexe, la vieillesse et même la mort. Le but de la promenade n’est pas de poser le pied sur une terre étrangère mais de le poser sur une terre connue, la nôtre, « comme s’il s’agissait d’une terre étrangère ». Ainsi nous sont dévoilés, à travers des petites anecdotes révélatrices, les beautés et les drames insoupçonnés de ce monde. Et quand le film est terminé, on s’aperçoit que sans le savoir, ni même le vouloir vraiment, on y a mis cette chose abstraite, impensable : la fuite du temps."