Huit longs-métrages, à 30 ans. C'est un peu fou. C'est Xavier Dolan. Dans cette boulimie de film, beaucoup de très bon. Je ne vais pas ici répéter tout le bien de ce que je pense de ce cinéaste. On sent son engagement à 1000% dans un projet, il y a une recherche perpétuel du plan parfait, la structure d'un décor, et de l'utilisation de l'espace. C'est un fan de cinéma, et il te le montre tout le temps. Pour certain exaspérant, personnellement je trouve çà authentique, car assumé. Maintenant, avoir monté huit films de façon si prolifique donne le droit d'être exigeant, et on peut l'être. Si j'observais une progression constante de J'ai tué ma mère, son premier long, jusqu'à Mommy, son apogée, il est sincère de constater que depuis... Je n'userai pas de qualificatif blessant pour son auteur, même si aucune chance qu'il tombe sur cette critique, mais simplement juste constater que son cinéma a déjà, besoin d'un second souffle. Une énième variation du conflit maternel, c'est certes touchant, c'est certes le thème récurant du cinéaste, mais le sujet est tellement mieux traité dans ses premiers films. Même chose pour l'homosexualité. Il avait cette force, notamment dans Tom à la ferme pour n'en citer qu'un, de poser le sujet sur la table, mais avec de la subtilité et sans lourdeur d'en faire la névrose récurrente du personnage principal. Dans Matthias & Maxime, non seulement c'est le vecteur du récit et de ses péripéties, mais je trouve qu'il arbore de façon plus pathos. Du moins l'angle n'est pas son meilleur, en exprimant le thème comme une fatalité sans avoir d'issu de secours. Le personnage de Matthias, joué par Gabriel d'Almeida Freitas, est embourbé dans un déni, qui aurait bien besoin d'une éloquence, d'une prise de parole ou d'une mise en scène plus enlevée. Ici, çà manque, et on reste un peu à l'extérieur de son destin, sans se sentir formellement concerné. Bref, la quête d'un vrai scénariste, qui semble être son seul défaut depuis toujours, est peut être de mise, car cela n'enlève en rien son immense talent.