Xavier Dolan est encore jeune mais sa filmographie est déjà dense : "Matthias et Maxime" est le huitième long-métrage du canadien en dix ans de carrière. Entre des débuts parsemés d'erreurs mais prometteurs, suivis d'une accession provisoire à une certaine maturité ("Tom à la ferme", "Mommy") et d'une régression notable ("Juste la fin du monde", "Ma vie avec John F. Donovan"), Dolan revient à un cinéma plus modeste de pure dépense physique. Le retour à un phrasé québécois et ses dialogues qui fusent, par ailleurs souvent très drôles, donnent au film une certaine énergie et nous font pardonner en partie les défauts formels inhérents à une volonté vaine d'impressionner à tout prix. Dolan retrouve une attention aux personnages qui était absente dans ses deux derniers films, sa capacité à créer une complicité entre eux et à opérer des ruptures permet d'impliquer le spectateur dans ce film de potes qui fonctionne quand la mise en scène se fait simple, la caméra circulant avec fluidité entre les corps, scrutant les visages avec amour. Mais "Matthias et Maxime" n'échappe pas à certains tics formels toujours aussi littéraux – cette scène catastrophique où Matthias se perd en nageant dans un lac, preuve qu'il ne sait plus lui-même où il en est dans sa vie, est un exemple –, et à une écriture trop large. À quoi bon filmer le personnage de cette mère interprétée par une Anne Dorval ridiculement grimée pendant dix minutes et de l'abandonner par la suite ? En quoi McAfee, jeune riche de prime abord arrogant mais finalement doté d'une sensibilité, fait-il sens dans l'histoire ? En filmant des éléments périphériques jamais traités en profondeur, c'est donc le cœur du film – une histoire d'amour indicible – que l'on perd de vue, rattrapé in extremis dans un final à l'optimisme peu crédible. Xavier Dolan ne fait pas partie de ces metteurs en scène au talent naturel, il lui faut travailler plus que d'autres pour convaincre : avec "Matthias et Maxime", s'il possède par instants les moyens de ses ambitions, il lui manque encore une mise en scène plus homogène et une vraie rigueur d'écriture pour parvenir à ses fins.
Vu lors du Festival de Cannes 2019 (après une première tentative de 4h d'attente, puis un lever à 5h pour arriver à rentrer à la projection du lendemain), le parcours du combattant en valait la peine : Matthias et Maxime est un drame touchant, intime et chaleureux, qui donne l'envie d'appeler nos amis. Cette bande de copains qui se titillent, se chamaillent et rient ensemble nous rappelle nos propres bandes de gais lurons, et c'est avec une justesse et une finesse infinie que Xavier Dolan explore ce sentiment caché (ou refoulé) de la pulsion sexuelle dans le lien d'amitié. Inutile de lire Freud pour le savoir, l'amitié cache une part d'envie de l'autre, aussi minime soit-elle, et les personnages de l'histoire vont exprimer tout le malaise et les réactions maladroites qui s'ensuivent de la prise de conscience de cette pulsion (qui ici passe par un baiser de film entre Matthias et Maxime). Xavier Dolan qui tient la caméra et interprète en même temps le rôle "co-principal" de Maxime, le fait avec une retenue qui nous fait ressentir toute la violence de ses émotions (comment ne pas penser à la séquence émouvante dans laquelle il tente de cacher sa tâche de naissance qui le définit), et son partenaire à l'écran est tout aussi juste (la scène de la dispute lors du jeu entre amis qui dérape). Nous n'avons pas devant les yeux le meilleur Dolan (qui pour ma part restera le fulgurant Mommy), mais Matthias et Maxime en avait-il seulement la prétention ? Non. Il s'offre à son spectateur comme une histoire dramatique et tendre d'une romance impossible et d'une amitié à la fois gâchée et sublimée par la révélation d'une pulsion inavouable. Sincère, intime et tendre.
A 30 ans, Xavier Dolan en est déjà à son huitième long-métrage. Lauréat à la Quinzaine des Réalisateurs pour « J’ai tué ma mère » en 2009, en sélection Un Certain Regard en 2010 pour « Les Amours Imaginaires » et en 2012 pour « Laurence Anyways », Prix du Jury en compétition officielle du Festival de Cannes 2014 pour « Mommy » et Grand Prix dans l’édition 2016 pour « Juste la fin du Monde », le jeune cinéaste revient de nouveau sur la croisette pour présenter sa bande de pote « Matthias et Maxime ». Alors qu’on pensait que le canadien aurait gagné en maturité, son film est son plus mauvais et également son plus teen-movie. Pour les besoins d’un court-métrage, deux amis d’enfance s’embrassent sur la bouche. Ce baiser d’apparence anodine, va installer un sérieux doute dans leur relation et au lieu d’en assumer les conséquences, les deux hommes vont s’éloigner. Grimé par une grande tâche de naissance sur le visage, c’est Dolan lui-même qui se confronte au beau brun Gabriel D'Almeida Freitas dans son premier rôle. Laissant une grande place au langage, le film prend des allures de karaoké polyglotte où défilent des discussions sans fonds et aléatoires. Les thèmes récurrents du réalisateur se font répétitifs. L’homosexualité y est certes abordée avec plus de retenue, mais avec bien trop de caricature. Le conflit mère-fils qui jadis nous captivait est cette fois laborieux. Oui on aime Anne Dorval, mais choisir la simplicité de lui donner sans cesse ce rôle ne nous fait même plus remarquer son talent. Enfin, les longues interludes musicales ne collent absolument pas à l’action et cherchent clairement une dramaturgie poussive. Nous l’avions déjà remarqué avec « Ma vie avec John F. Donovan », Dolan ne sait filmer que les femmes. Son écriture apparaît alors faiblarde et ses comédiens deviennent mauvais. « Matthias et Maxime » est le film cannois de trop et il ne mérite clairement pas de monter les marches. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Avec Matthias et Maxime on est pas dépaysés. Dolan nous offre un concentré de ce qui fait son cinéma (plans, séquences musicales et thématique). Les 30 premières minutes sont excellente et on s’attache très facilement aux personnages génialement interprété. Cependant, quand les amis se séparent le rythme du film et des dialogues baisse et c’est à ce moment que certains peuvent trouver le temps long. Le film reste néanmoins appréciable et tout à fait touchant malgré un ventre mou au milieu du métrage.
je suis ravie d'avoir trouvé Xavier Dolan en acteur dans ce film très personnel, qui filme l'amour, l'amitié, des échanges à mourir de rire entre les garçons de cette brève de potes. Le propos est universel est poétique. j'ai été immensément touchée et pénétrée par ce regard tendre et généreux sur ce couple d'amis. les plans ingénieux alternent avec des moments plus clipés qui ai lieu d'être une faiblesse sont un goût du réalisateur, jeune, qu'on peut ne pas partager mais qui ne retire à mon avis rien au plaisir qu'on goûte durant le film. je trouve la critique presse extrêmement fadasse et entendue. un rien prétentieuse et élitiste.