Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Olivier Barlet
299 abonnés
396 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 27 novembre 2018
Par leur verbe, leur habillement, leurs comportements, leur relation explosive à la Laurel et Hardy, Teri et Tiahna sont des phénomènes cinématographiques que l’on n’est pas prêts d’oublier. Cela pourrait être l’ambiguïté du film si cette recherche du spectaculaire était présentée comme un spectacle. La relation de confiance établie avec les femmes et al volonté d'épouser les ambiances de leur environnement, souvent nocturnes, permet à la réalisatrice de trouver la juste distance entre une sociologie neutre et une trop grande proximité. Ce qui frappe dans ce film de femme sur les femmes est qu’elles sont plutôt montrées dans leur éclat, l'éclat qu'elles se choisissent pour retrouver leur fierté. Leur goût pour les fringues et l’élégance, notamment à l’occasion d’un mariage, fait penser aux sapeurs congolais : sans doute peut-on y voir la même volonté de retrouver une dignité qu’on leur a dérobée (au Congo via la colonisation, aux States via le racisme et la marginalisation). Elles sont telles qu’elles ont la volonté de se présenter (d’où la prise de bec de Teri avec un cycliste qui voulait s’attaquer à la camera), quitte à montrer aussi la violence de leurs conflits, violence à l'image de ce qu'elles ont vécu. Ce partage d’intimité ouvre le regard sur un monde des exclus largement invisible. Que les marges du pays le plus riche du monde soient aussi rudes montre la dérive d’un système à deux vitesses, où les écarts de revenus ne cessent de se renforcer. C’est par leurs blessures et les terribles nécessités qu’elles doivent assumer que Teri et Tiahna interrogent cette réalité, mais aussi, comme ce film, par leur profonde humanité. (lire l'intégralité de la critique d'Olivier Barlet sur les sites Africultures ou Afrimages)
Par le biais de ses héroïnes, opposées et délirantes, qui font du film un récit décousu mais intense, la réalisatrice montre le poison de la privation et de la pauvreté sur la psyché. Et, parallèlement, dépeint, à la bonne distance, l’inexorable tourbillon qui pousse des femmes malmenées par la vie à se laisser glisser dans ce lieu de perdition où malgré la misère, l’entraide agit comme un pansement.