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Patjob
35 abonnés
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4,0
Publiée le 12 avril 2022
Ce n’est pas un « film de guerre » : on n’y voit aucun soldat de l’autre camp, ni combat, ni bataille. Mais c’est un film sur la guerre, vécue du point de vue des victimes : les soldats envoyés au front et les populations civiles qui subissent à la fois les bombardements et la répression. Dans ce grand « mélodrame flamboyant », les scènes consacrées aux désastres produits par la guerre sont les plus réussies : les lieux de la vie passée transformés en ruines, la peur, les solutions de fortune pour survivre ou se cacher. Les meilleurs artifices du spectacle Hollywoodien sont au service du propos, magnifié par les couleurs, les décors, le rythme et l’ampleur de la mise en scène. Les moments consacrés à la relation amoureuse sont un peu moins convaincants, tendant parfois vers la mièvrerie. Mais le souffle lyrique de l’œuvre l’emporte, pour conclure par une scène autant émouvante que symbolique, merveilleux condensé de l’absurdité de la guerre.
Ecrire sur «A time to love and a time to die» (USA, 1958) de Douglas Sirk comporte deux difficultés patentes et de taille. Il s’agit d’une part de traduire la pléthore d’évènements sensoriels délivrés par le film et d’autre part de produire un texte alternatif à la critique «Des larmes et de la vitesse» écrite par Jean-Luc Godard à propos de ce film. Outrepassons-les. Cet avant-dernier long-métrage du «Prince du mélodrame» rend hommage au fils de Douglas Sirk, Klaus Detlef Sierck, icône du cinéma hitlérien, enlevé au cinéaste par le régime nazi. Le personnage de John Gavin porte en lui le souvenir de Klaus Sierck. Ce retour en arrière, bond dans le passé d’une Allemagne délétère qui inspirera grandement Fassbinder, est figuré par les trois lieux principaux du film : le champ de bataille sur lequel les cadavres pleurent dans la neige, la ville détruite sous les bombes des Alliés et la mansarde salvatrice dans laquelle les deux amants viennent se réfugier des turpitudes du monde et de l’Histoire. La sophistication infinie de Sirk, reléguant Lubitsch au rang du vulgat, atteint dans cette œuvre son apogée. La photographie de Russell Metty, toujours remarquable chez Sirk, confine en l’occurrence au génie simultanée des peintures impressionnistes et des estampes japonaises. En croisant, volontairement ou non, les esthétiques, Sirk élargit son drame aux dimensions de l’universel. Pleurer la déliquescence l’Allemagne revient à s’apitoyer sur le sort du monde. La pensée sensitive de Sirk ablue tout nationalisme restrictif pour lui préférer les largeurs de l’universel. De la part d’un homme qui a fuis le pays dont il aimait tant l’esprit pour une contrée inconnue (Hollywood), cet universalisme humaniste n’est pas anormal. «A time to love and a time to die» traverse les nappes de temps, joue entre les figures et chante le requiem d’un monde sous les décombres. Dans ce paysage, des mots jusqu’aux étreintes que s’échangent Gavin et Pulver sont des rayons d’espoir.
Mise à part une lourdeur holywoodienne certaine et des visées politiques évidentes, on assiste à un film avec un scénario assez varié, bien réalisé et un peu inhabituel même s'il n'est pas sans rappeler à l'ouest rien de nouveau.
Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir de Douglas Sirk, est un film en temps de guerre, mais son approche est différente. Il est tourné tel un mélodrame, de plus il se place à l'arrière, pendant la permission d'un jeune soldat allemand, Ernst Graeber. Pensant retrouver ses parents et sa petite vie paisible pendant 3 semaines, il va vite déchanté. Villes en ruines, êtres chers disparus, bombardements à répétition... Il a tout simplement quitté un front pour un autre. C'est comme ca, la guerre est pareil pour tout le monde, soldats comme civils. Mais malgré tout il faut tenter de passer outre, de penser à autre chose, d'oublier, car comme le dit si bien Reuter " notre temps de permission, c'est notre temps vie. Ici 3 jours valent 10 ans". Pour cela il va être aidé de la sublime Elizabeth Kruse. Jouée par la belle Liselotte Pulver - dont je suis tombé amoureux au moins autant et aussi vite que Graeber - Elizabeth est une femme forte, courageuse, refusant de céder à la peur et de se cacher sans cesse dans les caves et abris. La magnifique histoire d'amour entre les 2 jeunes tourtereaux nous donne de l'espoir et un peu de vie, à l'image des camarades de chambrées d'Ernst retrouvant leur gaieté quelques instants à travers les récits du jeune homme. Ici au milieu des décombres et des impacts d'obus, un simple détail semble magnifique. Une pousse de persil, un arbre renaissant, une porte pleine de messages, un restaurant clandestin et sa cave où la guerre paraît ne pas exister. Mais très vite la réalité frappe à nouveau, la foi est mise en doute, la peur est présente comme on peut le voir la première fois oú Elizabeth et Graeber s'enfonce dans le bunker. Et le pire intervient le jour où la fin de la permission à sonné, un retour en Russie tel un appel à la mort, autant pour l'un que l'autre. Tout ça pour arriver à ce final terrible, la lettre d'Elizabeth, la sublime partition, la mise en scène léché et surtout la mort. La mort d'Ernst Graeber dans le film, mais bel et bien la mort d'un fils pour Douglas Sirk, qui vient ici mettre en scène le dernier souffle de son fils mort lui même au front. Que dire de plus, pas grand chose. Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir c'est indispensable, ca fait du mal, ça fait du bien, ça fait pleurer, ça fait rêver (Liselotte Pulver je t'aime), mais surtout ça fait rester bouche bée un bon bout de temps. Immense film.
La célébration d'un fils mort à la guerre. . Si on regarde le film en pensant que Douglas Sirk est ce père qui cherche à imaginer ce qu à pu être les trois dernières années de vie de son fils , officier dans l Armée Allemande , un fils qu il a quitte alors que ce fils avait à peine 14 ans et dont il a appris la mort sur le Front Russe que tardivement alors qu il travaillait a Hollywood.
C'est à la fois un bon film de guerre, dans des décors de fin du monde, et un beau mélo tragique (la spécialité de Douglas Sirk), avec ce qu'il faut de sensibilité et d'émotion. C'est aussi un point de vue original, celui d'un Allemand qui prend conscience de l'absurdité de son combat. Que ce point de vue fasse l'objet d'un film américain, tourné en Allemagne, est à noter. Le Temps d'aimer et le temps de mourir est une oeuvre humaniste, empreinte de compassion, touchante par sa simplicité et par l'engagement sincère des acteurs. Comme dans À l'ouest, rien de nouveau (autre film tiré d'un roman d'Erich Maria Remarque), la scène finale a une portée symbolique et résume le film : non-sens, force des sentiments, tristesse mais espoir de renouveau.
Une histoire d'amour poignante dans une Allemagne en ruine, le réalisme suffocant du front germano-russe, entre espoir et désolation, "A time to love or a time to die" s'impose comme un film incontournable.
Chef d'oeuvre humaniste de Douglas Sirk. Ce film amène à une véritable réflexion sur la stupidité de la guerre et ses conséquences. Film à découvrir absolument.
Douglas Sirk est né Hans Detlef Sierck en Allemagne, à Hambourg en 1897. Devenu en 1934 réalisateur à l'UFA, il choisit, par antinazisme et pour protéger sa seconde femme d'origine juive, de fuir l'Allemagne hitlérienne en 1937 et d'abandonner son fils né d'un premier mariage avec Lydia Brincken, une actrice totalement acquise à l'idéologie nationale-socialiste. Inconsolable, Sirk ne se remettra jamais de la perte de ce fils, enrôlé, apprendra-t-il, dans les Jeunesses hitlériennes puis envoyé sur le front russe où il perdra la vie. Lorsqu'il tourne Le Temps d'aimer et le Temps de mourir (A Time to Love and a Time to Die, 1958), Douglas Sirk réalise probablement son film le plus personnel et son œuvre la plus bouleversante. Ernst Graeber (John Gavin) est en 1944 un soldat allemand sur le front russe. Au cours d'une permission, il retrouve sa maison détruite, ses parents disparus et une Allemagne en train de sombrer sous les coups des bombardements alliés. Dans le quotidien de cette tourmente de fer, de feu et de sang, il va retrouver Elizabeth Kruse (Liselotte Pulver), une amie d'enfance dont il va tomber amoureux et vivre avec elle une passion aussi incandescente qu'éphémère.......
Voir la suite de ma chronique à partir d'un photogramme extrait du film: https://etoilesdetoiles.blogspot.com/2021/09/les-liens-familiaux-chez-douglas-sirk.html
Ce film est adapté du roman de Erich Maria Remarque : Le Temps de vivre et Le Temps de mourir; D.Sirk tenait vraiment à en modifier le titre pour rendre encore plus indissociable l'amour et la mort, et l'on pense à la sublime musique de Wagner : Prélude à la mort d'Yseult, un des plus beaux morceaux dédié à l'amour éternel et impossible. Certes il s'agit d'un film de guerre, mais filmé avec l'intensité et la beauté d'un mélodrame,l'histoire d'amour étant d'autant plus forte qu'elle se situe dans un décor en ruines,et si dénonciation du nazisme il y a, elle doit céder la place à l'histoire entre Ernst ce jeune Allemand ,généreux et idéaliste, qu'incarne à merveille John Gavin, et Elisabeth, extraordinaire Liselotte Pulver, si touchante et si vraie dans le rôle !"Seules les choses condamnées peuvent être si douloureusement tendres" déclarait D.Sirk, filmant les 2 amants dans les ruines... Un film magnifique dont la dernière scène, poignante,semble hantée par ce que le réalisateur imaginait être les dernières semaines de son fils, et qui pour nous, reste inoubliable !...
Aujourd'hui encore, l'incroyable impact de ce film témoigne de l'art de Douglas Sirk dans la tenue et la fluidité de son récit, dans la direction d'acteurs - des interprètes de second plan comme Gavin et Pulver se hissent à la hauteur des plus grands - et dans la beauté visuelle du film : décors à la fois réalistes et stylisés, magnifiés par la splendeur de la photographie du grand Russel Metty. Le film tout entier est imprégné de la douleur d'un réalisateur dont l'humanisme est battu en brèche par une barbarie que rien ne semble pouvoir arrêter.
Très bon mélo de Douglas Sirk, qui évite les pièges de ce genre de film (scènes larmoyantes accompagnées de violons grinçants), l'actrice Liselotte Pulver se distingue par sa spontanéité et sobriété que certaines "grandes" n'ont pas toujours. La photographie Cinémascope est tout simplement parfaite...
Voici un mélodrame parfaitement réalisé, qui nous offre une réflexion intéressante sur les responsabilités individuelle et collective dans une période de conflit. Même s'il a un peu vieilli, il vaut le coup d'oeil.