Anas, ancien rappeur, est engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop…
C’est une réalisation du Franco-marocain Nabil Ayouch qui nous habitue à des drames de qualité avec notamment Razzia en 2018 ou encore Much Loved en 2015. Il a écrit le scénario avec Maryam Touzani qui avait déjà fait avec lui celui de Razzia. Haut et Fort a remporté le Prix du Cinéma Positif au Festival de Cannes 2021.
Pleinement satisfait de ce drame que j’ai trouvé très bien.
Pour contextualiser, il faut savoir que le programme “La Positive School of Hip Hop” existe véritablement. Il est porté par l’association Ali Zaoua depuis 2016. Celle-ci ayant été fondé par le réalisateur lui-même et qui à travers ce film rend hommage à tout le travail effectué. On va se retrouver au côté de ce professeur de hip-hop au Maroc. Une histoire forte sur sa portée car comme vous le savez, le Maroc est un pays où le rap n’est pas forcément perçu positivement. Entre la répression politique, et la forte identité religieuse, cette musique n’est pas la bienvenue. Cela va donc être un défi de l’enseigner à des jeunes. Anas va leur montrer la véritable essence de mouvement fait pour être contestataire. Il ne se contente pas des petits textes provocateurs, cet ancien rappeur veut que ses élèves mettent leurs tripes dedans. Grâce à ces passages musicaux, le rythme va être vraiment dynamique. J’ai beaucoup aimé ces moments d’autant plus que les musiques sont très bonnes. Les sous-titres permettent de nous rendre compte du message puissant qu’elles portent.
Vous l’aurez compris, le contenu de haut et fort allez être très politique. Il y a une véritable critique du système Marocain actuel. Pour ceux ne le sachant pas, ce pays du Maghreb est une monarchie constitutionnelle au sein de laquelle le respect des droits de l’Homme est mitigé. Plusieurs ONG ayant dénoncé une escalade des violations des droits humains et des libertés publiques et individuelles. Il n’est donc pas toujours facile pour un opposant au système de crier haut et fort son mécontentement. C’est donc intéressant de voir tout cela. Ces jeunes n’étant pas politisés mais qui voient que beaucoup de choses ne vont pas, et qui ne veulent pas se taire comme l’a fait leur parent. Cela va être l’occasion pour Nabil Ayouch de nous montrer la pauvreté dans le quartier populaire de Sidi Moumen. Le film va aussi aller sur le terrain de la religion en montrant l’influence de celle-ci sur les mœurs marocaines. Il n’y aura pas de débat pour ou contre, juste un constat. Chaque étudiant ayant sa propre vision des choses.
Seul petit point noir, j’ai trouvé le développement un peu trop facile. En effet, dans les paroles on comprend toute la difficulté de faire exprimer sa voix, mais en pratique, les obstacles sont pourtant réduits. Alors oui, nous allons avoir un gros incident afin de ne pas faire un film trop plat, mais tout de même cela semble bien peu. Surtout que celui-ci est finalement montré rapidement. Je pense que la volonté est de nous transmettre un gros message d’espoir, et sur ce point s'est réussi.
Il faut aussi parler de la performance remarquable d'Anas Basbousi. Cet acteur et ancien rappeur est aussi le véritable professeur du programme “La Positive School of Hip Hop”. Pour son premier film, il impressionne. Forcément, son personnage lui colle à la peau. En plus de cela, ses étudiants sont géniaux. On va avoir des profils bien distinct. Tous ne seront pas explorés, mais les trois qu’on verra plus en détail, sont suffisants car c’est très bien fait. Ils ont du caractère et j’aime ça. Les jeunes comme Ismail Adouab, Meriem Nekkach ou encore Nouhaila Arif pour ne citer qu’eux, sont parfaits dans leur rôle.