Certes, "Respect" est un biopic musical convenu et classique de l'une des plus grandes voix de la soul, du jazz et du gospel. On a l'impression d'en avoir vu plein d'autres forgés dans le même moule... Mais c'est aussi et surtout un hommage à une militante luttant pour les droits des femmes et de la communauté afro-américaine, ainsi qu'une très belle incarnation de Jennifer Hudson. Personnellement, même si le film est long (presque deux heures et demie), je n'ai pas vu le temps passer. Sans doute est-ce la reconstitution des années 50 à 70, la mise en scène de quelques hits de la diva ou encore la présence de Forest Whitaker au casting qui m'ont permis d'y trouver mon compte. Et si le scénario n'est guère surprenant, il témoigne tout de même du destin hors-du-commun de Aretha Franklin, entre son don pour la musique et les tragédies qui ont sillonné sa vie. L'un ne va pas sans l'autre, et "Respect" montre plutôt bien comment les abus sexuels, les maltraitantes dont elle a été victime, sa relation toxique avec les hommes et ses problèmes d'alcoolisme ont été à l'origine de ses plus grands tubes. À la fois cliché (encore un portrait de star tourmenté !) et intéressant, l'émotion ne laisse pas indifférent, tout comme la quête d'identité de cette pionnière qui donne au film sa dynamique. Jennifer Hudson, au départ timide, pieuse et obéissante aux désirs de son père, éclot telle une fleur et devient de plus en plus confiante, engagée et atypique. Elle traverse maintes nuances et crises avant de trouver sa voix et on ne peut qu'admirer avec quelle dévotion l'actrice-chanteuse se fond dans la peau de son personnage... Après, la cinéaste sud-africaine Liesl Tommy signe ici sa première réalisation sans déborder des traits traditionnels des biopics. Si l'audace de Jennifer Hudson captive notre attention, il n'en va pas de même pour la mise en scène qui ne se distingue jamais par des touches d'originalité. C'est dommage, car cette dernière ne permet pas vraiment à ce destin unique d'avoir une adaptation cinématographique unique... Le seul parti pris significatif de "Respect", c'est de se focaliser sur vingt années de son existence, de ses dix ans à ses trente ans, soit lors de son ascension fulgurante en égérie de la soul. Ça peut en frustrer plus d'un quand on connaît la carrière magistrale de l'artiste qui s'est achevée en 2018, année de son décès...