Si tous les destins sont uniques, pourquoi tous les biopics se ressemblent-ils ? Ce n’est pas de moi mais c’est terriblement vrai. Faut dire qu’un biopic répond à un besoin très simple : pour son interprète principal, c’est une voie directe pour la nomination à l’Oscar : l’objectif est donc simplement de multiplier les scènes d’exposition et de lui fournir les occasions de jouer des émotions différentes, raison pour laquelle il doit occuper en permanence le devant de la scène. Il ne faut déstabiliser personne, ni faire preuve d’audace, juste expliquer et édifier, et Aretha Franklin elle-même, juste avant son décès, avait donné son approbation à cet exposé sur sa vie…ou du moins sur ses dix premières années de carrière, jusqu’à l’enregistrement de ‘Amazing grace’ en 1972. Il y a le drame fondateur, comme dans ‘Walk the line’ ; la mort de la mère et kes maternités à 12 et 13 ans, anomalie acceptée mais dont on ne parlait jamais au sein de la famille ; les tensions avec un père dominateur, ce qui la poussa ensuite à s’amouracher d’un homme violent et manipulateur ; le manque de confiance en ses talents propres qui l’empêcha longtemps de trouver sa véritable voie (et, par extension, sa véritable voix) , des faiblesses qui rendirent son ascension vers le succès plus que laborieuse. En revanche, le film ne fait que survoler l’engagement de la chanteuse auprès de Martin Luther King, et le soutien financier et médiatique qu’elle apportera toute sa vie au mouvement pour les droits civiques, tout comme il repousse pudiquement au second plan, à l’exception d’une scène, les multiples addictions de la chanteuse : de toute évidence, l’heure est à l’hommage unanime, avec une Jennifer Hudson qui livre une prestation vocale éblouissante qui fait oublier une partition d’actrice plus conformiste. L’appréciation de ce genre d’exercice généraliste et sans angle d’attaque bien précis dépend évidemment de la précision avec laquelle on maîtrise la biographie de la star…et là, ça tombe bien, je ne connaissais pas grand chose d’Aretha Franklin, au point d’avoir été surpris de découvrir à quel point ses chansons les plus célèbres m’étaient familières.