Version courte : Très bon film policier, mais tellement plus que ça. Personnages aussi bien écrits qu'incarnés, dialogues de qualités et direction artistique des images bluffante. Ce film raconte le jugement d'une suspectée meurtrière, mais aussi et surtout celui d'une jeune femme et de sa sexualité, celui d'une génération, celui d'une société. Société incarnée par un personnage abject, avide de jugement et non de justice.
"Si vous condamnez Lise Bataille, vous aurez jugé. Vous n'aurez pas rendu justice.".
Version passionnée :
Je recommande ce film aux amoureux des dialogues, magnifiques joutes verbales (qui n'est pas sans rappeler Le Brio (2017)! Et à ceux des images, une colorimétrie usée habille l'ensemble qui varie du gris au vert sapin en passant par l'émeraude. Quelques touches de moutarde et ce rouge qui se ballade, celui de la scène du crime, des murs du tribunal, de la robe du juge, du couteau égaré, des lèvres émues, du pull maternel, de la balle enfantine.
Théorie personnelle, j'ai remarqué un jeu délibéré avec la couleur rouge, qui encadre les événements. Puis tout à coup elle y fait place centrale, le juge, le couteau ET, le pull de la mère de Lise. Jusqu'à lors vêtue de gris et de vert sapin, elle arbore ce pull rouge vif, le jour où le couteau réapparait comme par enchantement. Le lendemain du jour où elle décide de ne "plus lâcher sa fille". Serait-elle alors la coupable ? Aurait-elle tué l'amie de Lise ne supportant pas son homosexualité ? Des accusations sans preuves, on croirait revivre le procès de Lise. Est-il encore une fois question de juger une femme en se basant sur ce qu'elle porte, sur ce qu'elle montre et choisi ? Est-ce un indice vers la véritable meurtrière ou un miroir de la part de l'auteur ? Un miroir dans lequel nous nous verrions, nous la société.