Vu au ciné "LA FILLE AU BRACELET" de Stéphane Demoustier, intrigue judiciaire et familiale: une jeune fille de 16 ans accusée du meurtre de sa meilleure amie, deux ans plus tard la voilà convoquée à son procès, après avoir vécu recluse auprès de sa famille avec un bracelet électronique, seule accusée elle va devoir affronter le réquisitoire implacable de l'avocate générale, le film n'est pas à proprement parlé un huis clos, même si la plupart des séquences d'une film sont celles du procès, avec ses différents intervenants, le réalisateur alterne avec les séquences en famille, on découvre peu à peu l'itinéraire de l'affaire, la chronologie des événements, et pourtant notre point de vue est constamment remis en question, comme un suspense de l'âme qui nous parcourt comme un vertige, plus que l'intrigue elle-même et ses faits ce sont les silences et les vibrations des différents personnages qui nous passionnent et nous interrogent, c'est constamment tendu et puissant tout en étant assez figé au niveau mise en scène, mais d'une belle et intense austérité, sans artifices inutiles (à l'image de cette première scène d'interpellation sur la plage), le tout filmé avec délicatesse, sensibilité et sincérité, ce qui permet au synopsis d'exister et de nous passionner, aussi jusqu'à la fin on doute, malgré le verdict final, et même si chacun pourra se faire une intime conviction (et encore, pas évident). C'est aussi et surtout une histoire de famille, avec des parents détruits et qui eux aussi s'interrogent, avec cette fille qu'ils croyaient "parfaite", une adolescente qu'ils n'ont pas vu grandir et qui a vu sa vie chavirer, avec aussi l'évocation des dangers d'internet chez les jeunes (ici une vidéo intime), un film où les interprètes sont d'une vérité parfaite: Anais Demoustier(soeur du réalisateur) est d'une froideur et d'une exigence superbe en avocate générale, les deux parents sont formidables: Chiara Mastroianni, plus en douleur rentrée, en mère refusant d'abord d'affronter et de subir ce procès, et le charismatique Roschdy Zem en père plus impliqué, plus en rage et déterminé à accompagner sa fille, et puis Melissa Guers, dont c'est le premier rôle, formidable de retenue et de mystère indicible en adolescente fragile, mutique, presque sans réaction parfois, si troublante et difficile à cerner dans son interprétation qu'elle nous fait douter constamment, jusqu'à cette séquence du bracelet à la fin, image à nouveau perturbante et source multiple d'interprétation, voilà bien l'atout gagnant de cette troublante histoire humaine, une belle réussite du genre!