C'est l'histoire d'un couple homme-femme avec deux jeunes filles, parfait en apparence et, en réalité, trompé par un comportement longtemps dissimulé. L'histoire est comptée de manière concise, sincère, sans les écueils des débordements émotionnels clichés parfois associés à ce genre de situation. Céline Sallette confère à son personnage (Camille) une puissance scénique magnétique où, subtilement, se confondent angoisse refoulée et de légèreté fragile. Pio Marmaï, tout à fait brillant, épate, sans pour autant éblouir; l'apparente facilité avec laquelle sa rémission advient laisse douter du tableau offert.
En effet, on ne montre absolument pas les effets incertains de la période de sevrage à la cocaïne, comme cette transparent signifiait facilité, ce qui n'est pas crédible
. On est en droit de regretter la tournure finale
, qui confirme un traumatisme conjugal, malgré certes un apaisement, là où on aurait pu espérer une résolution du drame plus optimiste
. Quoiqu'il en soit, le film en lui-même reste réussi, excepté aux deux-tiers du récit, où la vague impression d'un sentiment de remplissage nous parvient, entre un certain ennui et la pertinence de l'expérience
: le batifolage paradoxal d'un couple qui se retrouve soudainement rajeuni par l'éloignement artificiel de ses enfants �– dommage, car on aurait pu à la place faire voir les conséquences du sevrage et opter plutôt pour une confirmation de la faille d'un couple désorienté)
.... Audrey Diwan, à la réalisation, confirme ici des talents de scénariste absolument remarquables. Sa mise en scène réussit à transmettre l'émotion juste du début à la fin, jusqu'au bouleversement ultime. Finalement, où se situe le véritable caractère de Roman (un prénom symbole d'affabulation): ne risque-t-il pas de se confondre avec celui, frelaté, que Camille a cru authentique pendant des années?
Dans ce cas, face à quelqu'un qui nous a dissimulé la vérité depuis le début, comment être assuré de pouvoir discerner le vrai du faux?
Là gît le fond du drame.