Plaisant. Comme beaucoup de suite données, on pouvait craindre quant à la qualité de celle-ci. Mais finalement, on sent une belle continuité dans l’esprit Jumanji : des aventures, de l’action, et de l’humour, ce dernier étant principalement issu du concept body swap. Mais qu’est-ce c’est donc que ce truc ? Eh bien c’est un dispositif scénaristique qui consiste à mettre un corps dans un autre totalement différent, tant physiquement qu’au niveau intellectuel sans oublier les aptitudes. Le concept n’est en soi pas nouveau, puisque c’est sur ce principe que fonctionne bon nombre de jeux vidéos. Mais mis en scène pour le cinéma, cela permet de créer un décalage, brillamment utilisé dans le film précédent ("Jumanji : bienvenue dans la jungle") et ici, en le tournant vers le comique. Si on retrouve cette continuité, c’est parce qu’on retrouve Jake Kasdan dans le fauteuil du réalisateur, et parce qu’on retrouve tous les comédiens apparus deux ans plus tôt, ainsi que les mêmes personnages. Sauf que les protagonistes ne se retrouvent pas forcément dans le même avatar utilisé lors de leur aventure précédente. On retrouve donc les mêmes recettes, et ce pour le plus grand plaisir du spectateur. Et tel un jeu qui évolue au gré des niveaux, les décors changent, de nouveaux personnages et des fonctionnalités nouvelles apparaissent, laissant augurer une quête plus ardue. La crainte vers la surenchère peut se faire ressentir. Elle y est, pas tellement du côté spectaculaire comme on peut s’y attendre, mais plutôt du côté de l’humour. A tel point que c’est limite des fois si ce n’est pas un peu trop. Cependant Dwayne Johnson forme toujours un bon duo avec Kevin Hart, encore que leur partenariat est cette fois un peu moins flagrant à l’écran. La nouveauté se trouve dans le duo formé par Danny DeVito et Danny Glover, les papis du cinéma hollywoodien. Le premier confirme son retour sur le devant de la scène après un rôle convaincant dans le "Dumbo" made in Tim Burton, alors qu’il s’était principalement consacré aux séries télé. Le second prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe malgré une traversée du désert engluée dans des rôles n’ayant pas fait date, tout comme les films dans lesquels il est apparu ces dernières années, du reste. "Jumanji : next level" est donc un bon divertissement qui donne la part belle à l’humour, d’autant que l’ambiance bon enfant régnant entre les comédiens est communicative. Peut-on parler d’osmose ? Je crois que oui. Dans tous les cas, j’aime quand Dwayne Johnson ne se prend pas au sérieux ! Et j’adore Kevin Hart en comique de service ! Quel trublion celui-là ! Et en plus, on saura reconnaître en lui quelques petites manières bien connues de Danny Glover. Alors quand en plus Karen Gillan apporte une petite touche de sexy, que demander de plus au peuple ? Même dans ses chorégraphies à donner mal à la tête à ses adversaires elle est belle. Cela dit, ce deuxième opus (le troisième si on compte celui avec le regretté Robin Williams) n’est pas exempt de défauts, et c’est ce qui me fait donner une note légèrement inférieure au film de 2017. Pour commencer, j’aurai aimé une confrontation plus développée entre notre cher groupe (plus particulièrement The Rock) et le méchant de service pourtant bien soigné au niveau de son apparence et de son aura. Pour un niveau final sensé être la réussite de la mission, je trouve que c’est un peu léger. Ensuite les scènes typiquement américaines : entre le plan sur le groupe tourné vers la caméra et le moment de mise au point dans un lieu improbable à un moment tout aussi improbable (ici sur une cascade de glace), hum ! Sur ce dernier point, je ne pense pas qu’on puisse trouver ce genre de confidences dans un jeu vidéo, mais n’étant pas un adepte des jeux vidéo… Quoiqu’il en soit, on passe un très bon moment sans prise de tête. N’est-ce pas là le principal ? Bon c’est vrai, on aurait aimé sans aucun doute un plus d’action, surtout qu’au final, ce niveau-là semble quand même un peu moins compliqué que le précédent, alors que nous sommes censés être à un niveau supérieur. Alors bien que "Next level" s’élève à un niveau inférieur par rapport à "Bienvenue dans la jungle", ne crachons pas non plus dans la soupe dans le sens que les effets visuels sont d’excellente facture. Il en ressort des scènes très réussies, notamment celle avec les mandrills, résolument bluffante. Seulement quelques plans plus audacieux l’auraient rendue plus vertigineuse encore, je pense. Il n’empêche qu’on connait quand même plus ou moins la fin, à un détail près, y compris la décision collégiale de ne plus jamais retourner dans le jeu. Seulement voilà : quand on laisse traîner ce qui ne doit pas traîner, un accident peut arriver, ce que semble confirmer le début du générique. Ah ! cette manie de toucher à tout et de succomber à la curiosité !