Le hasard a voulu que je voie à quelques jours d'intervalle deux films d'André Téchiné avec Catherine Deneuve séparé de... 33 ans. Malheureusement, ni l'un (« Le Lieu du crime ») ni l'autre ne m'ont totalement emballé. Pourtant, l'impression est sensiblement différente, puisque si j'avais apprécié la première moitié de l'un et beaucoup moins la suivante, c'est précisément le contraire ici. Tous les choix du réalisateur sont respectables : poser le cadre, présenter les personnages, exploiter les non-dits, éviter d'être trop démonstratif... Seulement, à un moment c'est pas mal aussi de prendre du plaisir, et ce n'était pas franchement mon cas. Ça ronronne, le récit avance (trop) lentement, notre intérêt pour les personnages restant limités (et pour cause, pas évident de rendre attachant un jeune converti au djihadisme et ses comparses), le talent de Kacey Mottet-Klein restant toujours aussi discutable à mes yeux. Le cinéaste parvient toutefois à reprendre les choses en main par la suite : plus d'intensité, plus d'action et surtout des enjeux, des questions posées de façon claire, intéressantes car complexes, jamais présentées de façon simpliste. Ce regain d'intérêt coïncide aussi avec la « prise de pouvoir » de Catherine Deneuve, impériale dans un rôle nuancé, très réussi, tout comme l'intégration de Fouad (très bon Kamel Labroudi) au récit, apportant une tonalité différente, avec succès. Et qu'on y soit sensible ou pas, Téchiné sait filmer, ce qui n'est pas le cas de tout le monde actuellement (euphémisme). Bref, un « Adieu à la nuit » en demi-teinte, rattrapé par une seconde partie nettement plus adaptée à son sujet, hélas, on ne peut plus d'actualité.