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    Ága
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Ága" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Lorsque Milko Lazarov était enfant, il aimait beaucoup les récits d’aventures et se passionnait pour les grandes découvertes. Le metteur en scène avait lu de nombreux livres sur le grand Nord et sur ses explorateurs, comme Roald Amundsen qu'il admirait. Il se rappelle : "L’idée vient probablement de là. Au départ, je voulais raconter l’histoire d’un vieux couple inuit. Nous avons prospecté au Canada, au Groenland puis en arrivant en Iakoutie, j’ai commencé à envisager de tourner là-bas. Je voulais raconter une histoire d’amour très simple, qui se déroulerait au sein de la « dernière famille du monde ». J’avais pensé tourner au départ dans le nord de la Bulgarie car nous y avons-là un contexte analogue, de belles montagnes et des parents âgés, comme ceux que l’on voit dans le film. Leurs enfants sont eux aussi partis en Espagne, en France, en Allemagne. Ils communiquent avec eux par Skype. J’ai cependant souhaité pousser le curseur vers le Grand Nord pour que cette histoire soit universelle."

    Les 2 personnages principaux

    Feodosia Ivanova, qui joue Sedna, vit au beau milieu de la Sibérie, dans la taïga où elle s’occupe de vaches. Elle est non professionnelle. Toutefois, Milko Lazarov l’avait vue dans un film amateur tourné dans la région par son neveu, ce qui l’a convaincu de l’engager. Le réalisateur précise : "Les autres acteurs sont, quant à eux, professionnels. Ils jouent au théâtre. Feodosia a beau ne pas être professionnelle, elle est très talentueuse. Lorsque je l’ai vue pour la première fois à l’écran, j’ai su que nous avions trouvé notre Sedna. Quand je lui ai demandé de jouer dans mon film, elle est partie d’un grand rire. La fabrication du film a été très facile. L’équipe, les acteurs et moi-même sommes devenus une vraie famille."

    Conditions de tournage

    Le tournage de Ága a duré 36 jours. Milko Lazarov et son équipe ont commencé en mars pour finir vers fin avril. Le film a été tourné en argentique, en 35mm, ce qui a compliqué un peu les choses. La pellicule a voyagé de Iakoutie à Moscou et de Moscou à Paris et ce, à 17 reprises ! Là, elle était développée en laboratoire, ce qui était un vrai défi, comme s'en rappelle le cinéaste :

    "Face aux difficiles conditions climatiques, mon directeur de la photo a demandé à ce que l’on change l’huile de la caméra, pour qu’elle résiste aux basses températures. On avait aussi des équipements de secours pour la caméra, comme des batteries. Notre productrice a acheté des vêtements auprès d’une entreprise russe, spécialisée dans les expéditions. Nous étions équipés comme des explorateurs au Pôle nord, ce qui fait que nous n’avons jamais eu froid, même par -30 degrés au début du tournage, puis – 42 par la suite. Nous passions environ 13 heures par jour dehors, sans jamais souffrir des températures, grâce à notre équipement. A cette époque de l’année, le temps change très vite. Un mois là-bas correspond à un trimestre en Europe, ce qui explique qu’on a le sentiment de changer de saison dans le film. Le printemps dure en moyenne 20 jours en Iakoutie."

    Hommage

    Ága est un hommage à Nanouk l’Esquimau de Robert Flaherty. Milko Lazarov confie : "Nanouk n’est en aucun cas un documentaire, comme on le sait. Flaherty a tout mis en scène. Il a dirigé ses personnages et a recréé toutes les situations. Il s’agit d’une fiction, tout comme mon film."

    La lumière

    La lumière du film est extrêmement stylisée, notamment à l’intérieur de la yourte et sur les visages. Milko Lazarov a montré des tableaux de Vermeer à son chef opérateur pour qu’il s’en inspire. Ensemble, ils ont travaillé dans cette direction-là, en créant une lumière blanche et douce. Il explique : "Nous n’avons utilisé que deux projecteurs pour mêler cette lumière artificielle à la lumière naturelle qui tombait du haut de la yourte. Nous avons abordé la lumière, de manière très picturale, en travaillant les contrastes. Quand vous tournez en vidéo, ce n’est pas le même rendu que lorsqu’on filme en pellicule. La pellicule prend la lumière naturellement. Pellicule et lumière sont intimement liées."

    Pourquoi les avions ?

    Le ciel dans Ága est traversé par de nombreux avions qui créent un décalage entre le mode de vie séculaire des protagonistes et le monde moderne. Pour Milko Lazarov, il était important de contextualiser son récit et de montrer que ce mode de vie ancestral cohabite avec le contemporain. Le réalisateur développe :

    "Ces avions dans le ciel n’ont pas été recréés, au moyen d’effets spéciaux. On les a filmés sur le vif. Un tournage, c’est comme une bataille. On n’a pas le temps de penser. C’est instinctif. Le montage est donc une étape déterminante dans mon travail. J’ai de la chance d’avoir une excellente monteuse qui est aussi la productrice de mon film. Il s’agit de notre seconde collaboration artistique. Nous avons la même sensibilité mais d’une certaine manière, le film se fabrique tout seul. Le rythme, la durée des plans, l’esthétique : tout se crée au montage. On m’a souvent demandé pourquoi l’image de Ága est vignettée, c’est-à dire avec des angles arrondis. C’est parce que nous avons conservé le format original de la caméra en impressionnant l’intégralité de la pellicule. Il faut avoir les yeux grands ouverts dans le Nord, nous avons donc ouvert le cadre au maximum, ce qui explique ce format."

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