Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
titusdu59
72 abonnés
696 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 20 février 2012
Peut-être le film le plus significatif de style de Jean rouch que j'ai pu voir jusqu'ici. Ça n'a certes pas la puissance des "Maîtres fous", ni la grandeur de "Moi un noir" ou de "La pyramide humaine", mais encore une fois, quel régal, que ces couleurs vives et dansantes , que ces paysages d'Afrique dorés par le soleil, que ce style documentariste, qui lorgne toujours la juste limite entre le cinéma et la vérité, quel régal que ces vues prises en caméra à l'épaule! Et surtout, quelle superbe fable sur les coutumes africaines! Mais ça ne s'arrête pas là, car Jean Rouch philosophe sur la question de la vie, de la mort, avec beaucoup de justesse, et énormément de profondeur. Et le message de fin, sur la disparition progressive des mœurs anciennes et sur l'identité, très ouvert, et en même temps très clair, est la meilleure conclusion qu'on eut pu faire à ce genre de parabole savante. L'ensemble peut paraître parfois désordonné, mais qu'importe, car Jean Rouch signe là encore un très bon film.
Autant qu’un film ethnologique, c’est une introduction à l’art du conte, à la dimension légendaire (le pays de nulle part), au magique. Tout l’art de Rouch est dans la manière de plonger son spectateur dans un irrationnel avec des moyens naturels, sans prestidigitations ni trucages cinématographiques, en reportant simplement une partie de chasse, mais avec tout le rituel qui l‘accompagne. Il nous met dans la position de gamins émerveillés par les récits des aînés : « La chasse au lion à l’arc » justifie pleinement son surnom de « griot gaulois ».
Ouvert comme un conte, «La Chasse au lion à l’arc» (France, 1959) de Jean Rouch conserve cette hybridité rouchienne qui mêle l’ethnographie à la narration du cinéma. Le cinéaste s’attèle cette fois-ci à la description et à l’immortalisation par l’image d’une tradition ancestrale de la chasse au lion. Rien ne sert de commenter le récit du film puisqu’il est lui-même modelé comme un commentaire, on entrerait alors dans une exégèse abyssale. Seulement dire que cette œuvre, a contrario des «Maîtres fous», autre film de Rouch primé à Venise, ne reste pas dans l’entre-deux de l’ethnologie et de la cinématographie. Rouch, cinéaste avant que d’être anthropologue, penche son film au bord du cinéma. Le conte que veut nous relater Rouch est celui bien réel de la chasse au lion à l’arc. En traduisant en synchronisation les paroles des chasseurs, Rouch rend plus probant le direct de son cinéma. La proximité des acteurs et la courte durée des plans font de la réalisation une excellente mise au présent du temps du film. C’est ainsi que du seul point de vue cinématographique, l’œuvre est des plus importantes puisqu’au cinéma direct sur lequel une vague d’auteurs, majoritairement américains, se sont brisés, Rouch réussit par un système d’images simples. Mais omettre au film de Rouch sa valeur ethnographique c’est ne plus prendre en compte l’objet de témoignage qu’il se voue à être en se présentant comme ultime trace de la chasse au lion à l’arc. C’est dans sa façon de présenter l’ethnographie que Rouch laisse perplexe. Partant d’une volonté honorable, celle de vulgariser l’enquête ethnologique pour la rendre accessible au quidam, Rouch exacerbe l’ethnocentrisme et rend nécessairement exotique et romanesque ses récits. La valeur scientifique d’un tel film est donc rendu caduque du fait de sa narration même. Le cinéma de Rouch est donc moins un outil ethnographique qu’un récit de voyage. A cela la réalisation et le montage font du souvenir de la chasse un indice au présent.
Jean Rouch est un cinéaste ethnologue réputé pour la qualité de ses documentaires et son absence de prise de parti. Cette immersion dans une tribu peule nous permet de voir le visage d'une Afrique que nous connaissons mal : à travers les rites des chasseurs de lion à l'arc, nous sommes embarqués dans une intrigue alors que nous avons affaire à un documentaire commenté. Ce qu'il y a de plus fort, c'est la subtilité des cadrages de Rouch qui nous fait apprécier sans jamais forcer le trait, une appréciation autre du monde. En nous extirpant de notre système de pensée occidental, il réussit aussi à nous montrer qu'il existe une autre façon d'exister et de vivre ensemble.
Ce filme, nous l'avons regardez en 4e, je déconseille car il y a énormément de violence animalière, les gens ne respecte par leur propre animaux et il y a de la maltraitance sur tout.