Si souvent, vous entendez autour de vous qu’on ne sait plus faire de beaux (et bons) films en France, j’en appelle, je vous en conjure, à votre propre curiosité, à votre libre arbitre. Il existe encore des œuvres qui vous imprègnent longtemps après être sorti des salles obscures. C’est le cas pour « L’incroyable histoire du facteur Cheval », l’histoire de ce facteur peu causant, mais fort et brave, ayant construit durant 33 ans un palais par amour pour sa petite fille, Alice. Un film hors du temps et des « sentiers » battus, à part bien entendu, de ceux foulés des années durant par Ferdinand Cheval…
Si le rythme est toujours lent, contemplatif, les silences et les non-dits, reflets d’un Ferdinand Cheval taciturne, et d’une pudeur de mise dans une époque rude et difficile, donnent au final le ton d’un film incroyablement poignant.
Si la première partie pose les fondations indispensables à la compréhension de la vie et des raisons qui ont poussé Ferdinand Cheval à entreprendre son projet fou, la deuxième partie est bien plus sombre, l’homme devant faire face à de nombreux drames ne l’ayant, hélas, pas épargné toute sa vie durant.
Jacques Gamblin se devait de faire passer toute l’intériorité du personnage par des regards et des « mimiques » faciales, l’homme ne s’exprimant presque seulement qu’à travers des monosyllabes au début, arrivant un peu plus à s’exprimer grâce à sa femme et à sa fille au fur et à mesure du temps. Laetitia Casta, elle pas dépourvue de talent dans cet exercice : devoir supporter le mutisme de son époux, son absence des années durant, et devoir lui tenir tête si besoin. Je l’ai pour ma part trouvée très juste, très digne dans un rôle difficile. Louka Petit Taborelli, interprétant Cyril, son fils, ainsi que la jeune Zélie Rixhon incarnant Alice, sa fille, enfant, donnent du corps et de l’âme à l’ouvrage, même si Cyril aura attendu toute sa vie durant que son père lui témoigne son amour, n’ayant vécu ni une enfance ni une relation facile avec son père.
Les scènes finales, bouleversantes, concluent dignement et sereinement l’hommage à cet homme, peu épargné par la vie, qui aura trouvé dans son rêve une raison de continuer à vivre, et de « tenir le coup », jusqu’à la fin. On regrette qu’il ait été fait l’impasse de tout l’aspect traitant de la « renommée progressive » du palais aux quatre coins du monde (les moyens de communication étant bien entendu très réduits à l’époque), au détriment des nombreux drames qui ont ponctué sa vie ; si le film, néanmoins, je préfère vous prévenir, est très triste, il est nécessaire de passer par là afin de comprendre ce qu’a été le cheminement de sa vie et qui était le personnage. Un film qui ne vous laissera pas indemne, ni de marbre, quoi qu’il arrive.
Mon analyse complète du film sur mon blog reves-animes.com