Animateur de radio anglais, Jarvis Dolan a construit sa célébrité en faisant de sa voix le porte-parole du bon sens face à des discours politiques de plus en plus nauséabonds. Avec le Brexit, les ingérences russes dans les élections et la montée en puissance des partis populistes, autant dire que son statut d'animateur-justicier prêt à dénoncer les torts d'un système en train de perdre la tête est en plein boum, surtout après une terrible preuve ayant encore un peu plus consolidé sa position au sein de la station qui l'emploie.
Mais, un soir, alors qu'il entame son émission, des individus masqués s'introduisent dans son studio d'enregistrement et menace les employés pour que Jarvis réponde à leurs mystérieuses requêtes...
Sur le fond, le retour de flammes dont va être victime Jarvis par l'intermédiaire de cette intrusion violente et que le titre du film évoque très judicieusement dans ce contexte radiophonique n'est pas des plus originaux, il est simplement l'instrument servant à mettre en lumière la foi aveugle que l'on peut avoir en des voix en accord parfait avec nos idées sans rien savoir des individus qui se cachent derrière, sans parler d'un star-system se croyant encore et toujours au-dessus des lois. En fait, en matière de discours, de principaux rebondissements de son intrigue ou même de la personnalité de certains protagonistes (dans le camp des agresseurs, on a notamment droit à l'inévitable opposition entre un comportement rationnel et celui d'un électron libre), force est de constater qu'il n'y a rien de fondamentalement novateur ici, le film se contentant de pousser des portes laissées entrouvertes bien longtemps avant lui. Mais, là où "Feedback" va faire la différence avec un véritable brio, c'est dans la maîtrise de son huis-clos qui ne faiblira pour ainsi dire jamais.
Même si, passée l'exposition, on comprend assez vite où le film veut nous emmener, Pedro C. Alonso met tout en œuvre pour tirer à chaque fois la bonne ficelle qui va permettre à "Feedback" de rester un thriller haletant au plus haut degré. Ainsi, le cadre et le nombre de personnages restreints ne seront jamais considérés comme des obstacles mais plutôt comme une opportunité pour explorer au maximum toutes les possibilités offertes par leurs interactions. Que cela soit au niveau des affrontements et rapports de force (psychologiques ou non), de l'environnement du studio, d'un travail sur le son assez remarquable qui se doit de l'accompagner afin de nous immerger toujours un peu plus, d'une rythmique de mise en scène qui s'est donnée pour but d'éliminer la notion de "temps mort" de son vocabulaire ou encore d'une interprétation plus que convaincante (à commencer bien entendu par Eddie Marsan mais les autres acteurs ne sont pas en reste, on y retrouve par exemple cette bonne vieille trogne de Richard Brake ou, plus anecdotiquement, Anthony Stewart Head), "Feedback" fera très souvent mouche pour conserver notre implication dans la progression des évènements de son huis-clos, et ce qu'ils soient prévisibles ou non ! Certes, en bout de course, on n'aura pas le sentiment d'avoir assisté à un thriller ayant des velléités de révolutionner le genre mais sa redoutable efficacité permet d'élever "Feedback" au-dessus de la mêlée de bon nombre de ses confrères...