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Max Rss
197 abonnés
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2,0
Publiée le 15 janvier 2024
Je vais vous dire une chose : regarder un film qui ne parvient jamais à vous intéresser est frustrant, mais, il y a encore plus frustrant : regarder un film et vous désintéresser au fur et à mesure qu'il progresse. C'est exactement ce qu'il m'est arrivé avec "Le journal d'une femme de chambre". Il y aurait bien d'autres raisons à cela mais, la principale, c'est que passée la première demie heure, le personnage de Célestine ne m'intéressait plus du tout. Et, par ricochet, toutes ses relations avec les autres personnages non plus. A mes yeux, et même s'il reprend des thèmes fétiches, c'est un Bunuel assez faible que nous avons là, ça arrive. Et j'aime autant vous dire (même si vous vous en doutez) que Jeanne Moreau, Piccoli, Georges Géret et Ivernel ont aisément su être nettement meilleurs.
Délicieuse critique de la France opportuniste et rance de nos campagnes d'autrefois, le film est porté par une Jeanne Moreau magnétique. Et l'on peu dire qu'elle ni rose, ni idéale cette campagne française, je dirais même particulièrement obscène, mais c'est avant tout l'homme qui est ciblé comme souvent avec notre cher Bunuel.
Son rapport à la femme, avec ces hommes qui convoitent, qui manipulent, qui exploitent toutes les femmes qui croisent leurs chemins. Encore une fois la condition de la femme est terrible, Céléstine essaye de s'extraire de ces monstres mais bien vite elle ce voit contrainte de composer avec en permanence pour essayer de faire justice ou de s'en extraire mais ce fait inexorablement piéger, pour simplement, survivre.
Le France vue de l'intérieur fait peur à l'image de Joseph, nationaliste militant, monstre ordinaire qui agit en tout impunité, à toute la confiance de la bourgeoisie, une bourgeoisie lâche et décadente qui se complet dans son confort (avec un Michel Piccoli magnifiquement comique).
Un écho intemporel ici dépourvu d'artifice et mis à nue à l'image d'une réalisation aussi belle que classique, en effet ici aucun effet de style dans une mise en scène pour appuyer son propos, aucun artifice habituel du cinéaste qui agit en parfaite adéquation, cette simplicité que de présenter les choses sans artifice est un coup de génie.
Oui, c'est très intelligent et fin, comme à chaque fois avec Bunuel, plus profond qu'il n'y parait et même si l'envie de démontrer chaque des scènes dans leur sens caché me titille, ce n'est pas la peine tellement la peine, tant tout y est facilement accessible à qui prend le temps d'une deuxième lecture. Un grand classique d'une efficacité rare avec ce final absolument glaçant dans une époque d'avant guerre, faisant terriblement écho aujourd'hui.
Le roman d octave Mirbeau, violemment naturaliste, semblait fait pour Bunuel, tant il dénonce la pourriture de la société bourgeoise, l exploitation des domestiques, l hypocrisie d une religion réduite à une pratique superficielle. Dans leur adaptation, Bunuel et Carrière, n ont pourtant retenu qu un épisode ( le passage de Célestine en Normandie), auprès du catalogue, d'ailleurs très outré, de Mirbeau. De plus, l action a été transposée des années 1900 aux années 1928/1930. Bunuel retrouve ainsi des préoccupations de sa jeunesse : le surréalisme, les camelots du roy, les ligues. Il règle des comptes en passant. Ce film remarquable à maints égards marquait pour lui un nouveau retour au cinéma français. Ce film est de ceux que je préfère du réalisateur. Un chef-d'oeuvre !
Si Jean Renoir en 1946 était resté fidèle à l’esprit du roman d’Octave Mirbeau en respectant la lutte des classes et son inévitable droit de cuissage, battu en brèche par le choix de Célestine, il n’en est rien dans cette nouvelle version. En décalant l’action du roman dans les années trente, Jean-Claude Carrière et Luis Buñuel (première d’une fructueuse collaboration), se livrent à une attaque en règle des bases du nazisme qui allait s’étendre en Europe. Ainsi, le coupable du viol et du meurtre de la petite Claire est ici clairement désigné, contrairement au livre. Il s’agit d’une brute, antisémite et militant actif de l’extrême droite (très convaincant Georges Géret). Au passage également, les militants défilent au cri de "Vive Chiappe", sinistre et fascisant directeur de la police, qui fit interdire L'ÂGE D'OR en 1930. Mais surtout c’est avant tout un règlement de compte avec la bourgeoisie décadente. A l’abri d’un patriarche fétichiste et pervers, la frigide et avare Madame Monteil humilie à plaisir son mari (Michel Piccoli), veule et violeur d’une petite servante qui sera ainsi élevée au rang de bonne. Le tout avec la complicité d’une église bienveillante en la personne d’un prête aussi lâche qu’hypocrite (Jean-Claude Carrière) qui donne des conseils à Madame quant à des caresses sexuelles palliatives pour son mari. Dieu et le sexe. Bourgeoisie dégénérée et église coupable. Au milieu de tout cela Célestine, ange vengeur qui se donne au palefrenier pour fabriquer une preuve menant à son arrestation (dans le livre elle l’épouse et se dit prête à le suivre " jusqu'au crime" - les derniers mots du roman). Mais en vain, la justice, complice de l’extrême droite, le relâchant. Jeanne Moreau offre une performance exceptionnelle, qui impressionna Luis Buñuel lui-même. Elle campe une femme douce mais volontaire, sexy et sur d’elle, intelligente et dominatrice comme le prouve l’ascendant qu’elle a sur les hommes, y compris sur son mari qu’elle dominera complètement dans une ascension sociale inattendue. En bénéficiant aussi d’une qualité photographique au plus près des intentions du réalisateur, malgré une trahison certaine du roman en rendant secondaire son aspect social au profit de règlements de comptes chers au cinéaste, cette actrice hors pair, apporte une dimension incroyable et séduisante à son personnage. Elle permet d’élever cette adaptation au niveau d’un grand film.
Sur fond de montée des ligues fascistes, portrait d’une bourgeoisie décadente des années 30 remarquablement photographié et mis en scène, avec une Jeanne Moreau éblouissante dans son rôle ambigu
En inversant les codes du rapport de classe, Bunuel s'amuse pareil à un carnaval où les rôles sont tous inversés. Moreau sublime cette femme de chambre cérébrale et intrigante, dans un film qui flirte avec les excès, les dérapages, pareil à une sinistre farce sociale, presque grand-guignolesque. Reste que cette Normandie là semble tirée du fond désuet des temps, si éloigné de notre monde qu'elle peine à nous parler.
Malgré un début prometteur fait avec des personnages très imposants et une histoire intriguante, le film part finalement dans tous les sens en amenant diverses histoires n'ayants rien à voir entre elles. Une oeuvre qui laisse un fort goût d'inachevé.
Luis Buñuel réalise un drame critique et très sombre sur le genre humain. De nombreux personnages sont soit détestables soit carrément des monstres. La fin n'est d'ailleurs guère rassurante. On reprochera toutefois un rythme parfois trop lent.
Le journal d’une femme de chambre met en scène un personnage très atypique et ambiguë, Célestine, campée par la sublime Jeanne Moreau. Quittant la capitale, elle accepte le poste de bonne et se met au service de la maîtresse de maison, hautaine et maniac.
Le film se met en place rapidement et dévoile au fur et à mesure la psychologie de tous les personnages jusqu’au voisin ancien soldat. La scène la plus mythique est la séquence où le patriarche de la famille fait marcher Célestine à travers la pièce, grandiose.
C’est le premier film en France de Luis Buñuel et le plus compréhensible. Après Renoir et Martov, c’est à Buñuel d’adapter le roman d’Octave Mirbeau et d’y apporter son art du récit et de la mise en scène.
septiemeartetdemi.com - Pour son premier film francophone, Buñuel signe une adaptation littéraire dans le ton du livre. Ses personnages sont hauts en couleurs comme le sont généralement les personnages de livres. Tous les liens qui sont formés sont du même ordre, de sorte qu'on a parfois envie de pouvoir tourner les pages à sa guise plutôt que d'être à la merci du défilement imagier. Les revendications aussi sont livresques, quoique le réalisateur ait ici profité de celles étant déjà présentes pour glisser les siennes, et c'est là que la cohérence en souffre ; les situations sont parfaites, les messages cachés comme il faut, mais on a trop tendance à chercher le sens derrière chacune des scènes sans profiter de leur seule beauté. Ce serait la faute du spectateur si la fin n'était pas portée disparue, confirmant une sorte d'opportunisme mal placé.
Je ne peux m’empêcher de voir en ce film une origine en quelque sorte du style de Chabrol. La vision d’une société bourgeoise vue de l’intérieur, la façon dont JM tente de faire naître la vérité et la fin ironique.
La disparition de Jeanne Moreau nous donne l’occasion de revoir du Bunuel, de bonne facture qui plus est. La plongée dans une bourgeoisie de province des années trente, dont les individus sont tous obsédés ou tyranniques, ne fait pas dans la demi-mesure, Célestine, la femme de chambre aura bien du mal à trouver un soutien, même parmi le personnel de service. De plus, le fascisme ambiant fleurit alentour et cherche à bouffer du « métèque ». Souvenirs, souvenirs… Femme délurée, Jeanne Moreau affiche le même cynisme que le monde qui l’entoure et rien n’est interdit pour assouvir sa vindicte, ou se sortir de sa condition de femme de ménage, exploitable dans tous les sens du terme. Brillants interprètes, dont Piccoli, et une courte apparition du scénariste, JC Carrière en…curé ! Il y a dans ce film un petit côté rétro, un peu ringard, pas vraiment de lumière au bout du tunnel, seulement un portrait social grinçant d’une période noire de l’entre-deux guerres. Une période que Renoir avait su capter avec une autre ampleur dans la Règle du Jeu avec des personnages plus complexes et moins caricaturaux. TV aout 17.
J’imagine que Buñuel a relu « ses » Renoir (la première version de l’adaptation de l’œuvre de Mirbeau et « La Règle du jeu ») avant de reprendre l’itinéraire de cette femme de chambre qu’il déplace dans la France des années 30 : la France xénophobe coule des jours douloureux. Célestine, loin de l’agitation des grandes villes, et dans le confort bourgeois de sa nouvelle affectation entend tirer un bon parti de la petitesse de ses employeurs qu’elle charme à sa façon et en fonction de chaque individu. Les hommes sont maintenant tous amoureux d’elle et la belle tire les marrons du feu qu’attise une propriétaire revêche et bigote à souhait. Le cadre est parfait pour asséner à la bourgeoisie provinciale quelques coups de griffes dans ses travers éloquents. Chaque personnage figure une emblématique distorsion des sentiments et Célestine, pas mieux au milieu de cette fange, réussira le bon parti. Avec elle aussi, les apparences seront sauves. Jeanne Moreau excelle ! Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Hommage à la très grande Jeanne Moreau ce soir sur Arte, après Simone Veil une autre perte déchirante dont on ne peu que souligner leur importance dans notre histoire et continuer les combats qui ont été les leurs tout au long de leurs vies et des nôtres par la même occasion ! Sa filmographie parle pour elle, son nom et ses talents d'actrices encore plus, Jeanne Moreau pour la postérité. Le deuxième film de Luis Buñuel pour moi après Belle de Jour qui m'avais excessivement déstabilisé pour un souvenir troublant et envoûtant. Une qualité répété dans ce Journal d'une femme de chambre, pour mon plus grand plaisir. Quelques coups de forces, une grande maîtrise pour une histoire saisissante et intense !