Un film (sur un) culte ⛪️
Hérédité, c’est avant tout un film d’horreur si intelligent et maîtrisé qu’il est difficile à croire que ce soit l’œuvre de début d’Ari Aster.
La première partie dresse le décor d’une famille crédible et (presque) normale. Ari prend le temps de nous faire rencontrer ses personnages, de développer leur personnalité, leurs sentiments. Le casting, point faible de nombreux films d’horreurs, est ici impérial. Toni Collette étale toute sa palette d’émotions avec son personnage de mère névrosée, tandis que Milly Shapiro impose son charisme atypique et sa présence unique au cœur de l’intrigue.
L’histoire est lancée, et l’horreur envahit progressivement la maison. La peur s'installe et étreint le spectateur sans jamais vraiment se relâcher, sauf pour quelques brèves respirations. Hérédité est avant tout un film d’angoisse, même si quelques Jump Scares sont saupoudrés au sein du film. Peu nombreux, ils se comptent sur les doigts d’une main amputée et se montrent respectueux des spectateurs, évitant la facilité ou l’excès d’hémoglobine.
Nos battements de cœur grimpent à un niveau qui se fait de plus en plus élevé tout au long de l’histoire, dans une montée crescendo qui passe peu à peu de l’angoisse vers l’horreur, pour nous offrir toute une dernière partie intensément horrifique.
Ari Aster ne prend jamais ses spectateurs pour des idiots car il a bien compris que ce n’est pas dans la vulgarité mais dans la subtilité qu’on fait les meilleures peurs. C’est toute la mise en scène, extrêmement inspirée, qui se fie à ce principe.
On pense bien sûr aux arrière-plans, toujours ouverts derrière les personnages sur une fenêtre, un couloir ou une porte, et qui nous maintiennent aux aguets du moindre mouvement dans le fond. L’horreur n’est pas toujours là où on l'attend et de simples détails récompensent régulièrement les spectateurs les plus attentifs d’un petit shoot d’adrénaline.
D’autre part, le réalisateur n’est pas formaté. Il garde hors-champs ce qu’on s'attend à voir, et refuse de cacher les images qu’on imagine éviter… Plusieurs plans proposent des trouvailles ingénieuses, parfois presque invisibles, qui resteront sans aucun doute gravées pour longtemps dans la mémoire des cinéphiles.
Enfin, Hérédité fait partie de ces rares films qui s’apprécient encore plus au deuxième visionnage ou se complètent par des vidéos explicatives. Sous ses apparences simplistes, il propose une richesse de symbolismes, d’interprétations cachés, de détails discrets qui ne se dévoilent pas du premier coup, et qui comptent sur l’attention et l’intelligence du public.
Vous l’aurez compris, si vous aimez avoir peur, Hérédité fait partie des quelques chefs-d ‘œuvres immanquables que la décennie 2010 a vu naître, et qui nous permettent d’enterrer définitivement l’époque précédente avec ses Jump Scares outranciers et fades.