C’est vrai que c’est chaud. Pas dans le sens érotique du terme. C’est plutôt la situation qui l’est. Que voulez-vous ? Il y en a qui ont le don de se mettre continuellement en fâcheuses postures que personne ne se risquerait à leur envier. C’est le cas des deux compères Joe (Tony Curtis) et Jerry (Jack Lemmon), amis inséparables quelles que soient les circonstances. La ville de Chicago était reconnue pour être la capitale de la criminalité pendant la prohibition, et c’est justement là que se dessine le point de départ de la situation rocambolesque dans laquelle vont se retrouver nos deux larrons. Charleston, alcool, gangsters, tenues excentriques mais ô combien sexy pour certaines, Billy Wilder a mis en images avec une grande maîtrise son propre scénario (co-écrit avec I.A.L. Diamond) pour nous offrir un véritable festival de cabotinages savoureux. En terme de cabotinages, il n’y a pas à dire, Tony Curtis, et surtout Jack Lemmon (à qui je donne ma mention spéciale) s’en sont donnés à cœur joie, continuant de plus belle lorsque la splendide Marilyn Monroe les rejoint. Et quand je dis que c’est un festival, le mot est pesé. Mimiques, expressions corporelles, démarches ridicules, répliques hilarantes, un brin de caricatures : tout y est pour offrir un spectacle truculent au spectateur. En bonus, nous avons le charme irrésistible de Marilyn : un minois qui ne s’oublie pas, une paire de jambes attirant irrémédiablement les yeux (nous faisant regretter que les bas-couture ne soient faits si rares de nos jours), un corps de rêve magnifié par ses tenues. Et en plus, elle participe à ces fameux cabotinages, tout en alternant avec des moments en mode plus… cruche. C’est à se demander comment j’ai pu ne pas connaître ce film plus tôt tant la qualité artistique, l’immersion dans l’époque (costumes, musique et véhicules), et les qualités techniques sont bonnes. J’ai même adoré les plans glissant d’un sujet à un autre de la part du cinéaste, qui se permet même de donner un aspect cartoon à son film lors de la folle course-poursuite dans l’hôtel. "Certains l’aiment chaud" est un film audacieux qui bouscule certains tabous de l’époque avec beaucoup d’humour, et qui se termine sur la réplique la plus culte de toutes les répliques cultes. Malgré son millésime 1959, "Certains l’aiment chaud" a traversé un demi-siècle sans prendre une ride, et je veux bien manger mon ordinateur si il ne traverse pas un autre demi-siècle avec autant de fraîcheur. Une comédie trépidante à posséder absolument dans sa vidéothèque, ne serait-ce que pour la prestation de très haute-volée de Jack Lemmon, mais aussi celle de Tony Curtis (celui-là même qui faisait la paire avec Roger Moore pour la série "Amicalement vôtre") et de Marilyn Monroe. En résumé : 2 heures de pur bonheur. Un seul regret : l’absence d’un bêtisier, car à voir nous trois trublions, nous devinons aisément qu’ils se sont beaucoup amusés à donner vie à ce scénario, et il parait inconcevable de penser qu’il n’y a pas toute une collection de scènes tombées dans le "chutier"… entre les scènes ratées (Marilyn Monroe oubliait toutes ses répliques) et les fous rires… Mais bon, c’est ainsi : donc pas de bonus gratuit au générique de fin. Tant pis. On ne leur en voudra pas, hein ?