Nobody a une pêche d’enfer. C’est typiquement le film qui s’invite dans la droite lignée des 3,75. Dans le sens où il est bloqué entre le bon film et le très bon film.
Nobody, ça raconte l’histoire de Hutch. Un tueur à gage redoutable qui a raccroché pour s’épanouir en fondant une famille. Un jour son passé le rattrape et il devra tout faire pour protéger sa famille. Obligé de reprendre les armes pour régler un ultime problème.
Tout est là, il y a de belles idées visuelles, le style sous John Wick beaucoup plus sobre dans l’esthétique, plus réaliste, plus sombre et monotone, mais avec un aspect très urbain et local fatalement plus petit et plus réaliste qu’on ne retrouve pas chez John Wick et ses chorégraphies, son sens du beau, son lore et son côté grandiloquent et international. Ici, c’est réel, ça semble à notre portée, car ça n’est jamais extraordinaire. Les chorégraphies sont volontairement brouillonnes et pas très impressionnantes. On se prend des coups des deux côtés surtout quand on est rouillé. Ça se prend et se renvoi des bourpiffes, les mandales sont réciproques os unilatérales. Et c’est une bonne chose, c’est plus crédible qu’à l’accoutumée. En ça, on pourra aussi penser à Equalizer, le premier et sa séquence de climax à la McGyver relativement similaire.
C’est un film très modeste en somme, qui de ce fait ne semblera jamais extraordinaire... et c’est bien dommage ! Ça fait faits divers un peu ouf et impensable mais ça fonctionne. Du style incroyable mais vrai, ça s’est passé près de chez vous.
Ce qui fonctionne du tonnerre est évidement la castagne. Les bastons sont d’une violence très impactantes et très brutales. Et c’est terriblement jouissif parce qu’Odenkirk y va à fond et finalement ressort très convaincant. Odenkirk is a badass. La castagne y est plutôt inventive autant dans les chorégraphies, dans les mises à morts que dans les manières de filmer l’action. Également le montage joue une place importante dans le long métrage. Entre ces passages routiniers aussi abrutissants qu’étranges en début de film, jurant presque par sa redondance ignoble et indigeste mais certainement justifiée, on a constamment l’impression que Nobody tente tout et n’importe quoi quitte à se perdre. Dans ce cas précis de la routine, la réutilisation excessive de certains plans agace... mais ça demeure bien la seule fausse bonne idée du métrage.
Car autant vous dire que sinon, le film sait parfaitement iconiser les petits comme les grands moments qui le parsème. À coup de ralentis, à coup d'ost et de soundtrack aussi bien cool et punchy que classique équipe en fait des caisses. C’est toujours très maîtrisé bien que caricatural mais que voulez-vous... Nobody n’est pas un film d’action dénué d’humour ! Puisque oui, on sourit, on souffle du nez, il y a des répliques et un comique de situation souvent bien sentie qui, couplé avec le sens du badass du film, devient rapidement charmant et irrésistible.
Alors oui, concrètement, niveau scénario c’est le premier John Wick en plus petit, plus modeste, en moins grandiloquent, moins étoffé en terme de lore, ça se recentre sur la famille, c’est vraiment une version amenuisée, plus vraisemblable mais moins éclatante. Sauf que ça n’est jamais un mal car le processus d’identification est d’office plus facile. Bon avec John Wick ça se fait rapidement aussi mais bon c’est Keanu quoi, si John Wick était un gorille on aurait mis un peu plus de temps à kiffer le voir dérouiller des gens.
J’aime la remise en question du personnage en début de film. J’aime sa manière de voir les choses, ses manies de vouloir raconter son histoire (un charmant running-gag), son profond désir de vivre avec sa famille et par la suite de la protéger coûte que coûte, qu’est ce qu’on l’aime putain. Il est rigolo, touchant et charismatique, ouais toutes les bonnes cases sont cochées qu’est ce que vous voulez de plus ??? C’est un voisin comme un autre en apparence.
Donc voilà une timide réussite fatalement écrasée et restreinte par son concept modeste mais qui déploie une technicité et un savoir faire dans l’action irréprochable, terriblement jouissif et hyper satisfaisant que c’en est d’office un must-see.
On note des petits rôles de qualité notamment celui de Christopher Loyd (is a badass) en pépé en EHPAD ancien du FBI et RZA qui là durant la majorité du film est une voix, un intermédiaire radio, et c’est marrant mais je ne l’ai jamais vu aussi mieux jouer qu’hors champ mdr.
Ducoup Nobody c’est très bien, sans être la claque attendue, c’est fantastiquement honorable.
Film : 3,5
Feeling : ❤️❤️❤️