Un ancien agent spécial se voit pris dans une vendetta démesurée après un cambriolage et une embardée dans la mafia russe... Oui, on pense souvent à John Wick, avec ce scénario et la mise en scène tape-à-l’œil de ses scènes de combats. Mais n'est pas John qui veut, et si Bob Odenkirk s'en tire plutôt bien (il a la tête de Monsieur-Tout-Le-Monde idéale pour jouer la victime violente mais attachante), son metteur en scène a du mal à suivre le mouvement. Les fameuses scènes de combats en sont le reflet le plus flagrant : abus de ralentis (on n'en peut vite plus) sur une musique décalée qui essaie de rendre la scène un brin comique (idem : cela marche la première fois, ensuite ce running-gag nous soule), et un don pour filmer au plus mal les coups (des gros plans ou des secousses : on ne comprend rien). Vraiment dommage, car Nobody a fait un effort sur le rythme (dynamique, on ne s'ennuie pas sur les 1h30 qui filent à toute vitesse), sur l'ouverture qui est une jolie séquence montée qui s'amuse de nos trains-trains quotidiens blasés et surtout blasant, sur quelques seconds rôles cocasses (Chistopher Lloyd qui tire à la pétoire à tout-va, même si on lui sent un air fatigué, depuis quelques temps...), et sur une fin qui laisse la porte ouverte à une étonnante suite "en famille" (qu'on est à peu près certains de ne jamais voir, succès mitigé de ce premier opus oblige... On espère évidemment se tromper, mais rendez-vous dans quelques années pour le savoir). Aussi, dernier conseil : toutes les séances par chez-nous étaient en VF, mais on vous recommande plus que vivement la VO. Nos amitiés aux doubleurs qui n'ont pas un métier facile, mais ici le doublage était une pure catastrophe : les voix qui ne correspondent pas au physique (niveau "telenovela" du matin sur TF1), qui ne collent pas du tout aux lèvres, et la traduction hasardeuse ("I am Nobody" qui devient "Je suis un Nobody", ouch... Le mélange franglais est déjà moche, l'ajout de "un" casse complètement le côté "Mon nom est Personne" qui était cohérent en VO - une sorte d'Odyssée moderne, ou le cow-boy moderne, au choix - et on ne comprend pas totalement ce qu'ils appellent un "Nobody" : un mec rangé et normal, un agent dormant ?). Au final, Bob Odenkirk mène le film d'action à fond le train sans démériter un instant, mais le réalisateur a du mal à suivre, et la VF achève l'ensemble.