Cantonné jusqu'alors à s'amuser avec les codes de la comédie de casse dans les rues de San Francisco, le plus petit des Avengers a soudainement gagné du galon dans l'univers du MCU en jouant un rôle-clé (avec l'aide fortuite d'un rongeur) dans la bataille titanesque contre Thanos. Comme certaines des figures les plus emblématiques de l'équipe de super-héros ont disparu depuis "Endgame", Scott Lang aka Ant-Man est devenu de fait un visage historique des Avengers aujourd'hui chargé d'introduire la Phase 5 de Marvel au cinéma, et aussi l'arrivée du nouveau supra-vilain Kang amené à créer des problèmes sur le long-terme au MCU (la présentation d'un de ses premiers variants dans la série "Loki" l'annonçait), après les hauts et les bas qualitatifs d'une Phase 4 ayant eu plus du mal à séduire/convaincre les foules qu'à l'accoutumée.
À cause de tripatouillages subatomiques, Ant-Man, sa Guêpe de compagne, sa fille Cassie (ayant obtenu un level-up vers l'adolescence pour cause de Blip) et le couple Pym se retrouvent téléportés dans la zone quantique devenue la dictature d'un Kang prêt à tout pour s'en évader.
Après un rapide prologue sur le quotidien post-Endgame amusant de l'Homme-Fourmi, c'est donc en leur compagnie que le spectateur découvre pour la première fois le vivier de cet environnement microscopique, partagé entre un festival de décors numériques d'une laideur encore rarement atteinte par un film Marvel (même les ratés de certains n'atteignaient pas les instants de gêne visuelle proposés par celui-ci), lui-même surligné par la pauvreté proprement hallucinante de la mise en scène de Peyton Reed où les variations de taille de ses super-héros (pourtant signature des précédents épisodes) ont désormais un mal fou à se traduire sur des fonds verts travaillés de façon aussi aléatoire, et au bestiaire certes parfois drôle mais assimilable à tellement d'autres créatures de space opera que seuls quelques rares designs micro-cellulaires ou un brin farfelus s'y font remarquer.
Au beau milieu de la plus banale des histoires de rébellion d'opprimés face à un tyran, cette première partie de randonnée en terres Star Wars-iennes du pauvre va atteindre un de ses plus flagrants paliers de vacuité avec l'apparition de Bill Murray, autant par le choix de l'acteur que par l'inutilité de ce personnage chargé de temporiser l'enjeu principal (comprendre la mise en avant de Kang). Ne comptez même pas sur la Ant-Family pour rattraper le vide sidéral dans lequel le long-métrage plonge toujours un peu plus: l'héroïsme de Scott Lang ne sera défini que par rapport à son rôle primaire de protecteur de sa petite Cassie, la Guêpe n'agira qu'en sauveuse de dernière minute de son cher et tendre, Hank Pym (campé par un Michael Douglas qui n'essaie même plus de faire illusion) laissera le devant de la scène à sa femme Janet dont on ne comprendra jamais les raisons qui la poussent à retarder au maximum la divulgation d'informations cruciales à ses compagnons (enfin, si, un panneau "Grosse Paresse Scénaristique en Approche" semble clignoter à chaque fois qu'elle les évoque/tease sans les dire), avant que bien entendu Kang déboule pour heureusement insuffler une menace un peu plus dense à l'ensemble.
Passons poliment sur la venue de M.O.D.O.K. en sa compagnie dans le MCU (une des pires relectures de vilain, et ce toutes Phases confondues, chaque nouvelle apparition du personnage réussit le tour de force d'être plus consternante que la précédente) pour se focaliser évidemment sur la première intervention majeure de Kang au cinéma.
Confirmant tout le bien que l'on avait pensé de lui dans la série "Loki" à travers un des multiples visages de cet ennemi défiant l'espace-temps, Jonathan Majors apporte une véritable stature charismatique à son Kang qui donne forcément envie d'en voir plus... en dépit d'une écriture grossière qui vient sans cesse le réduire à un haut-parleur de banalités sentencieuses de "grand méchant" ou d'explications rébarbatives chargées de décliner le danger qu'il représente vis-à-vis du Multivers.
En plus des objectifs rudimentaires de recherche d'item qu'il poursuit dans ce film, il faut bien dire que le confronter à Ant-Man comme introduction sur grand écran apparaît comme un choix au mieux incongru. Alors, oui, ce n'est manifestement pas son variant le plus dangereux mais, face à une Ant-family balbutiant ses contours les plus caricaturaux (même paresseux en l'espèce) et à la puissance assez relative au sein du MCU, on ne peut pas dire que toutes les étoiles soient vraiment alignées pour introduire cette menace à sa pleine mesure ! Quand Thanos avait lui intelligemment attendu la fin de la bataille du premier "Avengers" pour dévoiler son visage dangereux, Kang le fait dans un des films de la franchise les moins convaincants, avec de surcroît un final qui arrive même à faire douter de ses capacités réelles à malmener des super-héros plus importants.
Heureusement, les scènes post-génériques (la première surtout) seront là pour amplifier le danger qu'il est censé véhiculer à l'avenir mais on en viendra clairement à penser que son apparition dans "Loki" avait déjà remplie cette mission de façon bien plus efficace et travaillée que toutes ces gesticulations quantiques.
Ne soyons pas totalement injustes, quelques moments viennent sauver cet "Ant-Man" de l'infiniment médioc... hum... petit, comme les interactions directes de Papa Lang avec ses hypothèses de destinée ou un dernier acte aux morceaux de bravoure bien plus divertissants que tout ce qui a précédé, le film s'en sort même un peu mieux visuellement lorsqu'il en revient à des décors futuristes et plus banals des canons Marvel. Mais, pour un long-métrage censé démarrer de façon tonitruante la Phase 5 du MCU, et donc emmener les figures Marvel dans une nouvelle ère, "Ant-Man et La Guêpe: Quantumania" représente presque un étonnant recul des films de super-héros de la marque: tous les acquis des longs-métrages précédents ont beau être là, dans une formule que l'on connaît bien, avec la revisite d'un genre spécifique (ici, une espèce de Marvel en mode Star Wars à l'échelle subatomique), la fainéantise de l'exécution tire tout ce qui a pu marcher par le passé vers le bas, transformant les qualités de grand spectacle qui pouvaient en émaner en des variants négatifs juste bons à s'épuiser dans l'indifférence générale.
La fourmilière de Ant-Man aurait mieux fait de rester creusée à San Francisco, là où ses aventures gardaient leur charme (enfin, surtout la première d'entre elles), car, en plus de ne pas se montrer complètement probant dans l'installation du vilain Kang, ce voyage se voulant grandiloquent vers le monde quantique aura eu tout l'effet inverse, changeant définitivement toute sa bande de sympathiques personnages en insectes qui n'ont plus grande chance de grandir pour nous reconquérir. Même toute la verve d'un Luis (Michael Peña dans les deux premiers opus) ne suffirait pas à raconter grand chose d'intéressant ou d'amusant à propos de "Ant-Man et La Guêpe: Quantumania", ce qui explique sans doute pourquoi il en est absent.