Ce film, sans nul doute, fait partie de ceux qui divisent fortement. Ou bien on n'accroche pas du tout, dès les premières secondes, ou bien on est charmé par sa lenteur fascinante et par l'audace du réalisateur (ou bien encore on balance entre ces deux états...).
Il est vrai que ce film est très long (2h12) pour très peu d'action, des scènes qui s'étendent en longueur et qui s'éloignent du réalisme auquel on pourrait s'attendre dans un film historique. Le film en effet ne s'attache pas à représenter une réalité fidèle : les scènes de combat sont remplacées par des ballets de chevaux, le siège de Paris est symbolisé par des discussions dans des dunes, le château où est enfermée Jeanne est un bunker ... Il ne s'agit donc pas de regarder ce film comme une biographie, mais comme un spectacle, une œuvre quasi littéraire, métaphorique. Les mots de Péguy sont forts et percutants, dans la bouche de cette jeune actrice. Les dialogues longs, répétitifs, sont propres à la prose de Péguy : des mots simples, qui reviennent sans cesse avec des petites variations et qui se gravent dans l'esprit du spectateur.
La performance de ces acteurs inconnus est surprenante et critiquée, mais elle nous rapproche de la pièce de théâtre (le film d'ailleurs est tiré d'une pièce de théâtre).
Ce qui est intéressant, ce n'est pas l'action, d'ailleurs tout le monde la connaît, mais c'est Jeanne : à la fois si faible et si forte, si abandonnée de tous et si sûre d'elle-même, cette jeune femme qui tient tête à toute une assemblée d'hommes. Le débat qui torture son âme est très intéressant. La pureté des ses intentions, bien montrée dans le film, tranche avec la perfidie des autres personnages.
Le film est aérien, soutenu par les chansons de Christophe, qui rendent l'atmosphère intemporelle.
A voir avec l'esprit curieux et sans préjugés .