‘’Détective Dee 3 : la légende des rois célestes’’ est un film réalisé par Tsui Hark, dont l’importance dans l’histoire du cinéma n’est plus à prouver. Le film fait suite à ‘’Détective Dee 2 : La légende du dragon des mers’’ (2013), et est un prequel à Détective Dee 1 : le mystère de la flamme fantôme’’ (2010). Et compte tenu de cet univers foisonnant, on peut se demander si il y aura d’autres épisodes de Détective Dee où si Tsui Hark compte s’arrêter là.
Après avoir vaincu le dragon des mers, Dee Renjie est félicité par l’empereur qui, pour le récompenser, lui offre Dragon Docile, une très puissante épée. Mais l’impératrice Wu Zetian, se méfiant de l’importance croissante de Dee à la cours charge le chef de la garde impérial Yuchi et un groupe de sorciers de dérober Dragon Docile, afin de discréditer Dee. Parallèlement aux agissements de l’impératrice, Dee va devoir affronter un dangereux ordre de magiciens dont le but est de faire tomber la dynastie Tang.
Sacré Tsui Hark ! Une chose est sûr avec lui, c’est qu’on en a pour notre argent. Niveau spectacle, on est vraiment pas volé. Le Spielberg du cinéma chinois sait nous en mettre plein les mirettes. La question est : en quoi ce Détective Dee vaut-il mieux que la plupart des blockbusters américains actuels, genre Marvel (oui, ceci est du snobisme avoué). La réponse est, osons le dire lié à l’exotisme qui se dégage de ce film. L’action se situant à la fin du VIIème siècle, sous la dynastie Tang, on est ainsi immédiatement transporté dans un univers qui pour nous, occidentaux tient presque du merveilleux (en Chine par contre, les films se passant sous la dynastie Tang doivent être légions ; cette époque était après tout une des plus florissantes qu’a connu la Chine). Si ‘’Détective Dee 3 : la légende des rois célestes’’ est une réussite, c’est grâce à son délire visuel. Délire est bien le mot : pour peu qu’on ne soit pas allergique à l’abus d’effets spéciaux, on ne pourra qu’admirer le prodigieux déploiement d’action en tout genre. On a d’abord droit à de simples affrontements de kung-fu : évidemment on saute partout (on vole presque) sur les toits, armé ou non. Mais bon, le kung-fu, c’est un peu banal, non ? Pas grave et hop ! Nous voici devant un petit groupe de sorciers qui peuvent créer des flammes, sortir d’une ombre (oui!), remplir un verre d’eau à distance, contrôler le climat... Et vlan ! Cette troupe de sorciers sont vraiment des nullards en comparaison des éblouissants méchants. Eux volent vraiment, donnent vie à une gigantesque statue de dragon et peuvent hypnotiser. Et tout cela se termine en apothéose avec un titanesque affrontement entre deux bouddhas géants aux mille yeux et un énorme gorille blanc (qui pour le coup, n’est pas l’invention la plus originale du film). Le spectacle est total, le plaisir est assuré. Même dans les moments ‘’calmes’’, au détour d’une conversation par exemple, il y a toujours cette petite touche de kitsch qui capte l’attention du spectateur.
Mais c’est aussi l’aspect extrêmement baroque qui pénalise ‘’Détective Dee 3 : la légende des rois célestes’’. Car cette pléthore de superbes effets se réalise au détriment de l’intrigue. Tsui Hark est un grand metteur-en-scène, mais on sent dans plusieurs de ses films qu’il traite le scénario par dessus la jambe. Etait-ce trop demandé d’apporter plus de lisibilité dans la conduite du récit ? c’est un défaut récurrent de Tsui Hark : si formellement ses œuvres sont irréprochables, il lui arrive de traiter le scénario qu’on lui apporte de manière brouillon (sur ce point, son film ‘’Le festin chinois est un cas d’école). Cela a une conséquence : les émotions du spectateur ne se reposent que sur les visuels. Des trois épisodes, c’est finalement le premier épisode qui est le meilleur, car il est celui qui scénaristiquement est le plus subtil, le plus fort, et, de loin, le plus noir. Avec ‘’Détective Dee 2 : la légende du dragon des mers’’ et ‘’Détective Dee 3 : la légende des rois célestes’’, Tsui Hark réalise des films qui sont davantage des œuvres pop-corns, avec des enjeux bien moins consistants que ceux du premier opus. Ajoutez à cela que que si le casting est dans l’ensemble solide (Carina Lau a toujours autant de chien dans le rôle de l’impératrice), quel erreur de toujours conserver le bien opaque Mark Chao dans le rôle titre. Andy Lau était cent fois supérieur dans le premier Détective Dee (le rôle, bien qu’identique, était il est vrai plus approfondi).
‘’Détective Dee 2’’ et ‘’Détective Dee 3’’ ont donc le même défaut : être des films un peu joujou, se reposant uniquement sur leurs visuels, à la différence du ‘’Détective 1’’. reste le spectacle incroyable et sidérant qu’offre ce film. Et au passage, quelqu’un a-t-il compris la raison du titre de ce troisième opus ?