Bergman première manière. Ce mélange de chronique sentimentale et de drame amoureux et humain est, avec "L'Attente des femmes", l'un des meilleurs Bergman de l'avant "Fraises sauvages". Les séquences sur l'île sont fabuleuses dont cette lecture de la pochette d'un disque. Le film permet en outre de (re)découvrir la sensibilité du jeu de Maj-Brit Nilsson.
"Jeux d'Eté" est un Bergman quelque peu méconnu du grand public. Pourtant, il n'en demeure pas moins un long-métrage d'excellente facture, tout à fait typique de son auteur et respirant d'un bout à l'autre la maîtrise du célèbre cinéaste Suédois. 1950 ou 1951, peu importent les dates : à vrai dire, il est aisé de se laisser emporter par ce mélodrame romantique s'envolant régulièrement dans un lyrisme bouleversant. On peut au début de l'oeuvre se questionner sur les choix artistiques du metteur en scène : était-il nécessaire d'opérer par l'intermédiaire de retours en arrière, qu'apportent si ce ne sont des clichés les scènes actuelles, en quoi les supports narratifs (le journal intime notamment) proposent-ils quelque chose de profond ? Et puis, les doutes s'en vont et laissent place à la beauté formelle se dégageant de la plupart des films de Bergman : des plans osés, variés, riches, inventifs, s'enchaînant à un rythme plutôt soutenu et constituant un ensemble visuel souvent inattendu, quasiment tout le temps en parfaite adéquation avec le fond du film. Car "Jeux d'Eté" que certains trouveront trop romantique, trop appuyé, trop mièvre même n'est pas conçu autour de bases fragiles : les personnages sont creusés et donc intéressants, s'accordant en plus complètement avec les thématiques "Bergmaniennes". Enfin, le retour au présent justifie un début pouvant paraître hésitant, notamment par l'intermédiaire de la critique de la société du spectacle proposée et la dramaturgie évidente, profonde, puissante ne cessant de nous prendre aux tripes. La très bonne interprétation n'a fait que renforcer mon avis très positif et pardonner un peu plus les très rares scènes discutables car convenues. Dans l'ensemble, Bergman manifeste avec "Jeux d'Eté" une grâce tout à fait personnelle qui ne le quittera plus et parvient à faire sortir du lot un drame qui en d'autres mains aurait sombré dans l'exagération et la banalité. Remarquable, ce film passionnant mérite d'être (re)découvert.
Ce film de la première grande période de Bergman n'a pas la réputation du Septième sceau, des Fraises sauvages ou de Monika. C'est pourtant un film sublime, bouleversant, et dont l'intense sensualité ne peut être comparée qu'à celle de Monika, réalisé deux ans plus tard. Il faut découvrir ou redécouvrir Jeux d'été.