Synonymes de Synonymes : assommant, aberrant, absurde, clownesque, creux, pontifiant, prétentieux, ridicule, stérile, superflu, vain, vide.
Je n'avais pas été à deux doigts de quitter la salle depuis le Pinocchio de Benigni. Soyons plus clairs : ce truc est une des pires expériences cinématographiques que j'ai vécues. Je n'ai pas vu les précédents films de Nadav Lapid, mais son troisième long est une aberration. En fait, il est encore moins que ça : une aberration, ça reste en mémoire, or j'aurai oublié Synonymes dans 5, 4, 3, 2, 1... Il n'est rien, dans le sens où il ne vient de nulle part de vraiment définissable, tout juste l'insignifiante mégalomanie de son metteur en scène qui n'en a pas les arguments artistiques, et ne va nulle part, puisqu'aucun de ses propos (l’ambiguë réalité de l'appartenance à une terre, la complexité de l'assimilation, le langage comme marqueur d'identité, la légitimité de la frontière, l'immigration, Israël !) ne dépasse le stade embryonnaire, Lapid étant trop occupé par sa régurgitation nauséeuse de films de la Nouvelle Vague (de Godard à Eustache) à laquelle il n'a clairement rien compris (avec son Antoine Doisnel de supermarché joué par l'insignifiant Quentin Dolmaire), et par son besoin compulsif de faire dans le "cinéma coup de poing". En résulte un enchaînement abrutissant de scénettes-happening ridicules qui croient retourner le cerveau sauf que non, aussi saoulant que confus, dévoué corps et âme au one-man-show d'un acteur certes habité, mais potentiellement insupportable, et à qui Lapid a confié un des premiers rôles les plus antipathiques du cinéma, en plus d'être clairement obsédé par sa bite (dès la première scène, où il prend TROP son temps à le filmer à poil, on sent qu'on va voir un film d'auteur "radical"...). Désolé, gars, mais c'est pas en agitant ta caméra dans tous les sens et en faisant brailler ton acteur que tu vas faire un film coup de poing ; ce sera tout au plus une petite branlette. L'hystérie de Synonymes ne cache pas sa nature d'immonde pensum bouffé par la théorie, négligeant son chouïa d'intrigue (plombée par au moins UNE grosse incohérence) et la nécessité élémentaire de personnages attachants (c'est proche du zéro d'un point de vue dramaturgique).
À mes yeux, la Berlinale ne se remettra JAMAIS de cette débâcle intégrale, même en prétextant l'hallucination collective. Pour s'exciter sur ce pensum, il faut être complètement à la ramasse.