Ce long-métrage est fait d’un collage de séquences filmées avec une caméra VHS sur une durée de presque vingt ans. Et pourtant ce n’est pas un film d’horreur, genre qui s’est approprié avec force cette manière de filmer plus proche du documentaire que du long-métrage de fiction depuis une vingtaine d’années et appelé « found-foutage ». Cela a d’ailleurs accouché de très bons film de terreur comme « REC » ou bien sûr le précurseur « Le projet Blair Witch ». Ici, le processus est raccord avec le portrait d’une génération bercée aux VHS et plutôt adapté aux intentions. Et ces dernières sont bonnes. Cependant, l’adage est connu : les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films. Et ici on est en plein dans sa confirmation. Si « Play » est relativement sympathique, il ne convainc pas tout à fait. Pourtant, la fibre nostalgique fonctionne assez bien grâce à une foultitude de petits détails qui ramènent à la jeunesse des trentenaires actuels. Mais, justement, ceux qui n’ont pas entre vingt-cinq et quarante ans (et on est large!) à l’heure actuelle, devraient voir cette effet de nostalgie fonctionner juste de manière sporadique voire même pas du tout.
Mais d’autres choses fonctionnent plutôt bien dans « Play ». On peut noter une sacré bande originale remplie de morceaux cultes qui titillent notre mélancolie et provoquent l’effet Madeleine de Proust escompté. De la même manière, on sent que le duo Boubil et Marciano, responsables du scénario (enfin plutôt de la boîte à idées car on est très loin d’un véritable script), a mélangé la part autobiographique faites de leurs souvenirs propres qu’ils ont bien imbriqués dans l’imaginaire collectif avec des passages obligés d’un passé commun à tous les spectateurs qui nous a tout autant marqué que les auteurs. On voit donc, par exemple, le passage à l’an 2000, la victoire des Bleus de 1998 ou encore les premières vacances entre adolescents à l’étranger. On prend plaisir à revoir des objets devenus des antiquités ressusciter à l’écran comme les fameuses VHS ou les premiers portables, et, grâce à leur utilisation dans « Play », le processus d’identification fonctionne.
Cependant, il faut clairement avouer que tout cela a du mal à captiver sur la longueur et qu’on est loin d’un véritable film de cinéma. On a plutôt l’impression de regarder un truc de potes, mais des potes qui ne sont pas les nôtres ou comme lorsque quelqu’un que vous connaissez peu vous montre ses photos de famille : désintérêt total ou ignorance polie. La chronique générationnelle ou l’œuvre d’une génération comme « L’Auberge espagnole » ou « Le premier jour du reste de ta vie » sont loin. On ne peut pas dire que ce soit déplaisant mais ca fonctionne juste par à-coups. Des séquences amusent, d’autres ennuient. Mais sur près de deux heures de film, le temps semble parfois long, il y a beaucoup de trop de moments qui auraient pu être coupés. Les auteurs ont été trop généreux dans la masse offerte au spectateur et pas assez téméraires dans la salle de montage. Presqu’une demi-heure en moins n’aurait pas été préjudiciable à « Play » et aurait pu le dynamiser et le rendre plus digeste. Et cette manière de filmer non-stop est clairement difficile à justifier sur l’ensemble du long-métrage, comme dans la plupart des œuvres qui adoptent cette forme. Ca finit par fatiguer les yeux en plus. En somme, « Play » diffuse une bonne vibe, fait souvent sourire, mais peine à passionner réellement sur toute la duré d’un film. Il restera un film-concept pas vraiment abouti pour les nostalgiques d’une époque révolue.
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