Le dernier tome d’une série littéraire française au méga succès s’apprête à sortir. Afin d’éviter les risques de fuite, l’éditeur décide de faire réaliser la traduction de manière simultanée et ultra sécurisée, en confinant les neuf traducteurs principaux dans un bunker coupé du monde. Jusqu’à ce que l’éditeur ne reçoive un message de chantage : une rançon à verser ou son best-seller sera diffusé sur la toile… Qui est le coupable ? Il est assez ironique et prémonitoire de voir un thriller français sorti début 2020, et traiter de personnages en confinement. Au-delà de cette idée (par ailleurs inspirée des conditions réelles de traduction du roman « Inferno » de Dan Brown), on s’attend au départ à un suspense à la Agatha Christie, avec son lot d’enquêtes et de faux coupables, et une unité de temps et de lieu, amplifiée par la déconnexion des protagonistes. Mais il n’en est rien, car « Les Traducteurs » se sert plutôt de cette situation en guise de fil rouge, afin de livrer une série de rebondissements parfois (souvent ?) tirés par les cheveux, faisant des allers-retours dans le temps et l’espace. Dans le fond pourquoi pas, sauf que c’est régulièrement maladroit ou grossier. Les personnages sont caricaturaux, qu’il s’agisse de l’éditeur infecte, froid et mercantile, incarné par un Lambert Wilson qui en fait des caisses, ou des traducteurs qui représentent chacun un cliché (la fan absolue des romans, l’anarchiste, le timide bégayeur, le lèche-botte…). Et à part un ou deux, ils ne seront pas développés. On passera sur les références très appuyées et guère subtiles à la littérature. Reste tout de même l’idée de faire parler neuf étrangers entre eux en français, chose rare au cinéma. Malheureusement, la multi culturalité et les différences de langue, sujets qui auraient pu (du ?) être au cœur du film, sont à peine exploités, si ce n’est dans une poignée de scènes. A l’arrivée, « Les Traducteurs » n’est pas totalement déplaisant, étant réalisé avec un minimum de professionnalisme, mais il est dommage qu’il enchaîne les maladresses.