C’est assez peu fréquent pour être souligné, Harrison’s flowers est un film utile, nécessaire. Relatant le destin d’une femme en quête de son mari retenu quelque part dans une Yougoslavie à feu et à sang, il nourrit la cause des grands reporters, ces témoins du tragique dont la soif d’aventures a tôt fait de leur faire oublier les dangers. Andie MacDowell, impeccable, joue les amantes impossibles, de celles qui échappent au vide par un espoir infime, qui préfèrent encore risquer la mort que de perdre la vie. Perdue dans les décombres d’un pays qu’elle ne connait pas, au centre d’un conflit qu’elle ne comprend pas, elle avance, guidée à l’instinct, à sa bonne étoile et au doigt mouillé, de sang. La grande surprise, on l’a en lisant la jaquette : non, Elie Chouraqui n’est pas que celui qui dirige les niaiseries musicales NRJ-Endemol-M6 ; non, il n’est pas que ce bon client des plateaux benêts inondant les access prime-times – il est aussi cinéaste. Et peut-être même un bon. Ici il parvient à trouver ce qui manque tant à d’autres : un équilibre. Les planques, les fugues, les larmes, les assauts, tout s’enchaine sans autre temps mort que les témoignages faussement vrais des acteurs du récit. Engagée, habitée, emportée et pourtant réaliste, une inattendue réussite.